Tony Musulin, 39 ans, est activement recherché. Sa photo a été diffusée à toutes les frontières. Son délit ? Il est soupçonné d'avoir subtilisé, jeudi à Lyon, durant quelques heures, un fourgon blindé transportant onze millions d'euros et appartenant au groupe Loomis où il était employé en qualité de chauffeur.
De mémoire de policiers, le vol d'espèces par un convoyeur de fonds est rarissime. S'il était reconnu coupable du délit de vol par salarié, commis sans violence, le convoyeur risquerait de cinq à sept d'emprisonnement maximum, d'après le journal le Progrès.
Dès jeudi soir, les soupçons se sont dirigés vers le chauffeur. Le procureur de la République de Lyon, Xavier Richaud, s'est appuyé sur le résultat d'une perquisition au domicile de l'employé : «On a eu la surprise de découvrir un appartement quasiment inoccupé, presque nettoyé, comme s'il avait préparé sa fuite». Le chauffeur avait notamment vidé son réfrigérateur et emporté draps et papiers. Le magistrat a ajouté que les comptes bancaires de cet homme, employé depuis une dizaine d'années par le groupe sudéois de transport de fonds Loomis, «ont été vidés». Toutefois, l'hypothèse d'une attaque et d'une séquestration du conducteur n'est pas totalement écartée.
Près de 11 millions dans « 37 ou 38 sacs »
Le camion de transports de fonds contenait «pas loin de 11 millions d'euros», répartis en «37 ou 38 sacs» récupérés jeudi matin à la Banque de France, a encore indiqué le procureur de la République.
Le fourgon a disparu jeudi vers 10 heures : deux des trois convoyeurs en étaient sortis pour collecter de l'argent dans le VIIe arrondissement, laissant leur collègue seul à bord du véhicule. Quelques heures plus tard, le fourgon a été retrouvé vide et sans chauffeur, à proximité de Vénissieux, dans la banlieue est de Lyon, a précisé le directeur de la Direction interrégionale de la police judiciaire (DIPJ), Claude Catto.
Xavier Richaud a «totalement écarté» l'hypothèse d'une prise d'otages ou de menaces faites aux proches du suspect, indiquant que l'homme était «célibataire, sans enfant», et ne voyait plus les membres de sa famille «depuis très longtemps». «Aujourd'hui, rien ne permet de dire qu'il a eu un complice. Les recherches se poursuivent, notamment dans le quartier où a été vidé le fourgon. Il faut quand même transporter ces 37 ou 38 sacs (de billets), ce qui doit attirer l'attention», a conclu le procureur.
Décrit comme «bizarre» depuis quelques mois...
Jeudi matin sur France Info, l'un des collègues du chauffeur faisait le portrait d'un homme « bizarre » depuis quelques mois. « Il trouvait très injuste le fait que l'on soit mal rémunérés. Il disait un jour à l'autre : Ils vont payer. La banque, les patrons, on les aura. Il était obnubilé par ça [...] »
« Il avait déjà viré un membre de son équipage et puis un deuxième. Je pense qu'il a choisi des personnes avec qui il ne voulait pas qu'il y ait d'embrouilles. Des novices entre guillemets [...] Ce qu'il a fait, c'est grave, mais c'est énorme. C'est fort. »
Ce vol constitue l'une des plus importantes attaques contre des sociétés de transport de fonds depuis l'année 2000, après le vol en septembre 2007 de près de dix millions d'euros par une dizaine d'hommes encagoulés à Gémenos (est de Marseille). En août 2008, trois malfaiteurs s'étaient fait remettre sept millions d'euros par un transporteur de fonds après s'être introduit à son domicile à Brignoles (Var) et avoir pris sa femme en otage.