Des cigarettes de plus en plus toxiques
Le tabagisme aurait un impact de plus en plus délétère sur le risque de cancer de la vessie. Cela s'expliquerait par l'évolution des cigarettes, qui sont de plus en plus toxiques, selon une enquête américaine publiée dans le Journal of the National Cancer Institute . Dans leur étude menée sur 1.170 patients et 1.413 contrôles, Dalsu Baris, du National Cancer Institut de Bethesda (Maryland), et ses collègues démontrent un phénomène - inquiétant - déjà observé avec le cancer du poumon.Par rapport aux non-fumeurs, les fumeurs avaient 5,5 fois plus de risques de cancer de la vessie dans la période 2002-2004, contre respectivement 4,2 et 2,9 fois plus au cours des périodes 1998-2001 et 1994-1998. La même tendance était observée chez les anciens fumeurs, avec un risque multiplié par 1,4 en 1994-98, par 2 en 1998-2001 et par 2,6 en 2002-04 par rapport aux non-fumeurs. Ces hausses seraient liées à une concentration accrue de substances cancérigènes dans la fumée du tabac et ceci, malgré la baisse des niveaux en goudron et en nicotine dans les cigarettes. Selon des travaux précédents, la concentration de bêta-naphtylamine dans la fumée aurait augmenté de 59 % entre 1968 et 1995, celles de N'-nitrosonornicotine et de 4-(méthylnitrosamino)-1-(3-pyridyl)-1-butanone (NNK) de respectivement 17 % et 44 % entre 1978 et 1995.
Avec l'évolution du conditionnement, "certains additifs pourraient être des carcinogènes directs ou des procarcinogènes activés par la combustion. D'autres pourraient accroître l'effet carcinogène du tabac en affectant son activation métabolique, comme le menthol, qui pourrait augmenter la perméabilité des membres cellulaires, accroissant ainsi le risque d'interaction des carcinogènes avec l'ADN", commentent les chercheurs. L'arrivée des cigarettes "light" a peut-être aussi favorisé une inhalation plus profonde chez les fumeurs, estiment-ils. Leurs recherches montrent également un risque plus marqué en fonction de l'ancienneté du tabagisme que de son intensité quotidienne. Le tabagisme passif semble sans effet significatif. Enfin, l'arrêt du tabac serait très vite bénéfique, avec une baisse de 40 % chez les personnes ne fumant plus depuis moins de cinq ans.