FFF: Domenech saisit les prud'hommes et réclame 2,9 millions d'euros
L'ancien sélectionneur des Bleus conteste son licenciement pour faute grave.
C'était dans l'air du temps depuis plusieurs semaines: Raymond Domenech conteste son licenciement pour faute grave et va saisir le conseil des prud'hommes. L'ancien sélectionneur des Bleus réclame la bagatelle de 2,9 millions d'euros. "Nous allons réclamer les salaires qu'il aurait dû percevoir pendant son préavis, l'indemnité de licenciement à laquelle il a droit et une somme complémentaire liée aux préjudices subis", explique Jean-Yves Connesson, dans les colonnes de L'Équipe.
"Cela a été préjudiciable à sa famille, à sa réputation"
Pour l'avocat de Raymond Domenech, le fameux "préjudice moral" est très important dans cette affaire. Il estime que la situation professionnelle et familiale de l'ancien coach des Bleus est devenue très compliquée suite aux déballages médiatiques qui a suivi le Mondial sud-africain: "Mon devoir est de constater les dix-sept années d'ancienneté de mon client, qui a cinquante-neuf ans, et dont les discussions avec d'autres fédérations ou d'autres clubs ont été rompues du fait de la publicité faite autour de son licenciement. Cela a été préjudiciable à sa famille, à sa réputation".
La Fédération Française de Football reproche à Raymond Domenech trois faits principaux. Tout d'abord le fait de ne pas avoir mentionné les insultes de Nicolas Anelka à son égard, lors du match face au Mexique, le 17 juin dernier. Puis d'avoir lu le communiqué des joueurs grévistes. Et enfin, de ne pas avoir serré la main de Carlos Alberto Parreira à l'issue du troisième match des Bleus face à l'Afrique du Sud. Pour son avocat, ces accusations n'ont rien à voir avec son poste (en CDI) à la Direction Technique Nationale: "Les faits évoqués par la Fédération concernent la seule fonction de sélectionneur". Une astuce juridique qui se défend devant un tribunal.
"Une posture politique scandaleuse"
Enfin, Me Connesson dénonce "une posture politique scandaleuse" qui ferait de Domenech le "bouc émissaire" idéal et la victime expiatoire d'une instance qui a explosé au cours de l'été: "On fait d'un homme seul le bouc émissaire d'un naufrage collectif. C'est pour le moins surprenant. Il est inconcevable de prétendre résoudre une crise collective par le licenciement d'une seule personne. Une rupture à l'amiable aurait été possible, mais la décision est, comme l'a reconnu récemment le président Duchaussoy, politique et non pas juridique".
Le conseil des prud'hommes devrait réunir très prochainement les deux parties pour une tentative de conciliation. Si rien ne débouche de cette confrontation, une longue période de tractation juridique (de un an à un an et demi) pourrait suivre. Si la responsabilité de Raymond Domenech dans le fiasco sud-africain n'est plus à prouver, il a au moins le mérite (et/ou l'intelligence) de ne plus s'exprimer depuis. Un silence qui pourrait s'avérer payant devant le conseil des prud'hommes.