Un professeur d'histoire-géographie d'un lycée de Manosque (Alpes-de-Haute-Provence) a été suspendu pour avoir projeté à ses élèves une vidéo anti-avortement très violente, a annoncé mercredi le ministre de l'Education nationale, Luc Chatel.
"J'ai demandé au recteur de l'académie Aix-Marseille de suspendre à titre conservatoire" ce professeur et "une procédure disciplinaire va être engagée à son encontre", a déclaré le ministre sur RTL.
"Ce qui s'est passé est inacceptable, les professeurs sont tenus à un principe de neutralité, de respect de la personne", a expliqué M. Chatel.
Le recteur a confirmé, dans un communiqué, cette mesure de suspension "prise à titre provisoire pour une durée de quatre mois", au vu des "éléments de l'enquête déjà rassemblés" et de "l'accroissement du trouble provoqué dans l'établissement par la médiatisation de cette affaire".
L'enquête a été "déclenchée il y a quelques semaines après une saisine du proviseur et des parents d'élèves du lycée, l'enseignant concerné ayant diffusé en classe des documents anti-IVG ainsi qu'une vidéo ayant choqué plusieurs élèves", souligne le recteur.
Le professeur du lycée Les Iscles, qui ne s'est pas rendu à une première convocation la semaine dernière, était convoqué pour la deuxième fois mercredi.
Dans un courrier récent, des parents d'élèves avaient dénoncé son "prosélytisme religieux constant" et ses "attaques violentes" contre la loi Veil, qui a légalisé l'interruption volontaire de grossesse (IVG).
Selon eux, l'enseignant "est allé jusqu'à distribuer des tracts appuyant ses propos et, le plus grave, à projeter, pendant son cours, en empêchant les élèves de sortir, un film de propagande anti-IVG, montage caricatural d'images délibérément choquantes, avec morceaux de foetus, seaux de sang, embryons morts que l'on secoue par les pieds".
Un "épisode particulièrement traumatisant pour des adolescentes et adolescents d'une quinzaine d'années", estimaient ces parents, dont certains refusaient depuis que leurs enfants assistent aux cours d'histoire.
Une cellule d'écoute et de dialogue a été mise en place au sein de l'établissement. Joint par l'AFP, le proviseur Jacques Bernard a préféré ne pas s'exprimer "tant que la procédure est en cours".
"Il y avait déjà eu des petits soucis" avec l'enseignant suspendu, qui exerçait au lycée depuis son ouverture en 2005, "mais pas de la même ampleur", a-t-il simplement précisé.