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WikiLeaks: le site publie 250.000 notes de la diplomatie américaine


Le contenu de 250.000 câbles diplomatiques américains dévoilés par le site WikiLeaks a été publié dimanche par les grands titres de la presse mondiale, révélant les dessous de la diplomatie des Etats-Unis, comme lorsque Ryad appelait Washington à attaquer l'Iran.

La Maison Blanche a condamné "dans les termes les plus forts" la publication "irresponsable et dangereuse" de ces documents, affirmant que l'initiative de WikiLeaks pourrait faire courir des risques mortels à des individus.

Il s'agit "d'un quart de million de câbles diplomatiques américains confidentiels", écrit le New York Times, qui a eu accès aux documents de WikiLeaks, comme quatre titres de référence de la presse mondiale: Le Monde (France), The Guardian (Grande-Bretagne), El Pais (Espagne) et Der Spiegel (Allemagne).

Ces notes "offrent un panorama inédit des négociations d'arrière-salle telles que les pratiquent les ambassades à travers le monde", observe le quotidien américain.

WikiLeaks, qui a affirmé avoir été victime dans la journée d'une attaque informatique, précise sur son site internet (http://cablegate.wikileaks.org/) avoir commencé dimanche la publication record de "251.287" câbles diplomatiques, couvrant une période allant de 1966 à février dernier.

Le site affirme avoir voulu souligner la "contradiction" entre la position officielle américaine et "ce qui se dit derrière les portes closes". Les documents diffusés dimanche étalent au grand jour les usages habituellement tenus secrets de la diplomatie américaine sur toute une série de dossiers, sensibles ou non. Le Guardian indique par exemple que le roi Abdallah d'Arabie saoudite a appelé les Etats-Unis à attaquer l'Iran et à "couper la tête du serpent" pour mettre fin à son programme nucléaire.

A ce propos, les documents montrent qu'Israël a tenté de pousser les Etats-Unis à la fermeté, selon un document diffusé sur le site du Monde. Un télégramme américain relate ainsi une conversation entre Amos Gilad, un responsable israélien, et Ellen Tauscher, sous-secrétaire d'Etat américaine. La politique du président Barack Obama d'engagement stratégique avec l'Iran, "c'est une bonne idée, mais il est bien clair que cela ne marchera pas", y déclare M. Gilad.

Certains documents pourraient s'avérer gênants pour de futures rencontres entre les Etats-Unis et leurs partenaires.

Der Spiegel rapporte ainsi des propos peu amènes de diplomates américains à l'égard de la hancelière allemande Angela Merkel: "Elle craint le risque et fait rarement preuve d'imagination". Quant au Premier ministre turc Tayyip Erdogan, les services américains croient savoir qu'il se méfie de tout le monde et "s'est entouré d'un cercle de conseillers qui le flattent mais le méprisent". D'autres dirigeants en prennent pour leur grade: le président français Nicolas Sarkozy est jugé "susceptible et autoritaire" et un câble décrit le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi comme "faible physiquement et politiquement".

Avant même la publication des documents, les autorités américaines avaient pris les devants en alertant plus d'une dizaine de pays.

Les premières fuites de WikiLeaks, en juillet sur l'Afghanistan, contenaient peu d'importantes révélations, et celles émanant d'Irak se concentraient en majorité sur des exactions commises entre différentes factions irakiennes.

Le dirigeant de WikiLeaks, Julian Assange, un crack informatique australien, a défendu dimanche les agissements de son organisation. "Autant que nous sachions (...) pas un seul individu n'a été mis en danger à la suite de quoi que ce soit que nous ayons publié", a-t-il affirmé.

Le New York Times explique que les câbles lui sont parvenus "il y a plusieurs semaines" et que les documents susceptibles de "mettre en danger" des individus ou de "compromettre la sécurité nationale" n'ont pas été publiés. Le journal ajoute avoir travaillé avec l'administration Obama à ce sujet.