La riposte graduée française ne fait pas le bonheur des agences de renseignements. Ces dernières reprochent à la loi, chargée de réprimer le piratage, d'avoir poussé nombre d'internautes à se tourner vers des outils de chiffrement et d'anonymat. En conséquence, l'identification des véritables menaces est rendue plus difficile.
C'est un vrai problème pour les agences de renseignements. En forçant la main du législateur pour qu'il adopte la riposte graduée, les industries du divertissement ont poussé de nombreux internautes lambdas à s'armer pour continuer à télécharger en toute sécurité. Or, ces armes - composées d'outils de chiffrement pour sécuriser leurs communications - sont les mêmes que celles utilisées par des individus autrement plus dangereux.
C'est ce que confirme un article du Figaro, repéré par le journaliste Jean-Marc Manach sur son site Bug Brother. Le chiffrement des données "est un vrai casse-tête pour les autorités. Et la France n'est pas au bout de ses peines. Car l'avènement d'Hadopi, gendarme des droits d'auteur sur Internet, a le don d'agacer l'allié américain" écrit Le Figaro.
"Les services de renseignements des États-Unis craignent que cette forme de répression massive, qui se veut préventive, ne développe chez les adeptes des films et musiques piratés un engouement pour les techniques d'anonymisation jusqu'alors réservées à quelques hackers ou à certains types de réseaux criminels ou terroristes" ajoute le journal.
Or, plus les flux d'informations seront chiffrés, plus la tâche des agences sera compliquée. Et insoluble. "L'opération [de déchiffrement] deviendra nettement plus délicate quand le ruisseau sera devenu torrent à force de transporter des lourds fichiers vidéo de dizaines de milliers de pirates improvisés" a commenté un agent de renseignement français.
Les critiques de l'allié américain s'étaient déjà exprimées l'an dernier. La France se serait faite "engueuler" par les services de renseignements américains, mécontents de voir que la riposte graduée allait orienter les internautes français vers les VPN, les logiciels de chiffrement et le réseau TOR. Une inquiétude partagée par le Royaume-Uni, même si une loi similaire a finalement vu le jour.