L'un des plus importants sites de téléchargement au monde a été fermé jeudi soir sur décision de la justice américaine. Son fondateur, surnommé Kim Dotcom, et six autres personnes ont été inculpés pour conspiration de racket, conspiration de violation de copyright et conspiration de blanchiment.
La nouvelle, annoncée jeudi soir, a fait l'effet d'une bombe dans la communauté mondiale des internautes. La justice américaine a ordonné jeudi la fermeture du site MegaUpload.com, plateforme emblématique et controversée du téléchargement direct sur internet, accusé de violation des droits d'auteur. Le site MegaUpload.com permettait, jusqu'à sa fermeture, d'héberger des fichiers et de les partager sur internet. Dans les faits, il offrait des milliers de films, séries, émissions de télévision ou chansons en libre accès, par téléchargement direct ou streaming. Fort de son succès sur internet, le site avait réussi à attirer les stars d'Hollywood et la presse américaine rapportait que Swizz Beatz, un producteur de musique marié à la chanteuse Alicia Keys, en était devenu le patron.
Quatre responsables du site basé à Hong Kong, dont son fondateur, dit "Kim Dotcom", 37 ans, également connu sous le nom de Kim Schmitz et de Kim Tim Jim Vestor, ont été interpellés à Auckland, en Nouvelle-Zélande, sur la base de mandats d'arrêt délivrés par les Etats-Unis. Ils risquent jusqu'à 20 ans de prison pour conspiration de racket, conspiration de violation de copyright et conspiration de blanchiment d'argent. La police néo-zélandaise a indiqué que ces quatre personnes arrêtées sur son sol comparaîtront vendredi devant la justice après une demande d'extradition formulée par les Etats-Unis. Les perquisitions ont notamment mené à la saisie d'un coupé Rolls Royce Phantom. Auckland a précisé avoir travaillé sur cette affaire pendant des mois avec les Etats-Unis.
Débat sur une possible "censure" d'internet.
Signe de l'ampleur de l'opération, au total, c'est une vingtaine de mandats d'arrêts qui ont été émis aux Etats-Unis et jusqu'à huit autres à l'étranger. Le FBI et le ministère de la Justice américain ont estimé, dans un communiqué commun, qu'il s'agissait de l'une des plus "grandes affaires de violation de droits d'auteur jamais traitées aux Etats-Unis".
Les fondateurs de la plateforme de partage de fichiers, baptisée "Mega Conspiracy" par les procureurs, sont accusés d'avoir entraîné plus de 500 millions de dollars de perte pour les ayant-droits et d'avoir généré 175 millions de dollars de profit via les abonnements et la publicité. A ce titre, un tribunal fédéral de Virginie a ordonné jeudi la fermeture de dix-huit autres noms de domaine affiliés à MegaUpload et a également saisi quelque 50 millions de dollars d'avoirs. Conséquence : MegaUpload est depuis lors inaccessible aux Etats-Unis, mais aussi en France.
Cette décision, portant sur l'un des plus importants sites de téléchargement au monde, survient alors que le débat bat son plein outre-Atlantique sur deux projets de loi visant à renforcer la lutte contre le téléchargement illégal. Le coup d'éclat du FBI est ainsi intervenu au lendemain d'une action symbolique de l'encyclopédie participative en ligne Wikipedia qui avait fermé mercredi son site internet en langue anglaise pour protester contre les projets de loi américains SOPA (Stop Online Piracy Act) et PIPA (Protect IP Act). Le projet de loi SOPA vise à enrayer le téléchargement illégal en obligeant notamment un site tiers à bloquer l'accès à d'autres sites dont les offres violent les lois américaines sur le droit d'auteur. Mais les critiques sont nombreuses et certains dénoncent un "filtrage" ou une censure d'internet.