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Le patron de Free, Xavier Niel, sur le gril des députés


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Deux semaines après le lancement de l'offre mobile de Free, Xavier Niel était auditionné par la commission des Affaires économiques.

Le vice-président et directeur général délégué à la stratégie du groupe Iliad a répondu pendant plus d'une heure et demi aux questions des députés. Le sujet des offres Free Mobile a été abordé, tout comme le développement du réseau ou la fermeture de Megaupload.

Les offres Free Mobile.

Xavier Niel s'est exprimé au sujet des différentes controverses de ces dernières semaines. Concernant les problèmes de synchronisation entre l'envoi de la carte SIM et le transfert du numéro, il reconnaît l'erreur: «Nous avons eu des problèmes avec les clients dans le cadre des portabilités de numéro. Ça concerne quelques centaines de SIM qui ont pu se perdre. Ces problèmes sont montés en épingle, et c'est de bonne guerre». Le patron de Free a d'ailleurs admis qu'il s'agissait du «problème majeur» du nouvel opérateur et que la vente de terminaux mobiles, initialement prévue à partir du mardi 24 janvier, sera repoussée tant que les cartes SIM n'auront pas été délivrées.

A propos du flou autour de la limitation à l'usage de son forfait, Xavier Niel considère que l'usage des termes «en bon père de famille» ne présente pas de problème et est «encadré par la jurisprudence».

Les députés se sont également faits le prolongement des critiques apportées aux deux offres de Free et notamment à celle limitée à une heure de communication: «Pourquoi le forfait social n'est-il pas un forfait bloqué?» ont demandé les députés. Xavier Niel répond qu'un forfait bloqué l'aurait mis «mal à l'aise» puisqu'il ne souhaite pas que les clients de Free soient privés de communication. Mais comme ces derniers le demandent, «on va le faire», a affirmé Xavier Niel. Il reste néanmoins évasif sur le fameux cap des trois millions d'abonnés: «Après 3 millions, nous verrons comment faire évoluer les offres».

Le vice-président d'Iliad explique la différence de prix entre Free et ses concurrents par le salaire des cadres: «Free n'est pas une entreprise low cost, [...] mais on est une entreprise raisonnable. mon salaire est 20 ou 30 fois inférieur à celui de mes homologues. [...] Je touche 173.000 euros de salaire brut par an».

L'infrastructure de Free.

Pour Xavier Niel, le positionnement de Free ne se fait pas tant sur les bas coûts, mais sur le développement de l'internet mobile: «Nous inventons un modèle basé sur la data», à savoir les données échangées par internet. Pour promouvoir ce modèle, il reste fortement attaché au fait d'ouvrir l'offre 3G à «tous types de fonctionnement, y compris le peer to peer». «Internet n'est pas uniquement le web et le mail, ce sont tous les usages» a-t-il déclaré devant les députés, défendant la neutralité des réseaux.

Afin de permettre ces usages, le vice-président d'Iliad souligne l'importance de «posséder son réseau». Alors que l'Arcep demande à Free Mobile de couvrir 90% de la population d'ici 2018, Xavier Niel a précisé devant les députés que son objectif était d'arriver à ce seuil «le plus vite possible» afin de pouvoir se libérer rapidement du réseau d'un autre opérateur: «On pense sur le long terme que notre seul moyen d'exister est de déployer notre réseau en propre». Mille antennes sont d'ores et déjà déployées par l'opérateur et 5000 nouvelles ont été commandées. Outre l'indépendance du réseau, cela devrait également permettre à Free Mobile d'accueillir des opérateurs virtuels: «Nous allons publier dans les prochains jours une offre leur permettant d'y accéder».

Il a également répondu aux critiques émises par les autres opérateurs, l'accusant de ne pas avoir activé toutes ses antennes: «Plutôt qu'enrichir les huissiers, ils feraient mieux de rendre de l'argent à leurs abonnés, C'est de l'argent improductif. S'ils doutent de l'ARCEP, qu'ils la poursuivent». Xavier Niel reste néanmoins prudent et concède un «couverture exécrable» à Paris intra-muros, où Free a donc tiré parti de son partenariat d'itinérance avec Orange, une entreprise avec laquelle Free se sent «en confiance». Ce partenariat est issu d'une «négocation commerciale», qui n'est donc pas «encadrée par l'ARCEP», et qui devrait, à terme, atteindre 1,5 milliard d'euros pour Orange «d'après la manière dont ils en parlent aux analystes financiers».

Afin de pouvoir gérer au mieux les nouveaux clients, Xavier Niel précise qu'outre les quatre boutiques déjà en place en France, une centaine devrait ouvrir dans les plus grandes villes, dont «une très grande à Paris au cours du premier semestre 2012».

Blocage des sites internet et financement de la création.

Suite à la fermeture de Megaupload jeudi 20 janvier, les députés ont demandé l'avis du dirigeant d'Iliad sur la fermeture de sites internet. Il se sent «gêné» par des lois qui permettent le blocage «sous couvert de lutter contre la pédophilie par exemple». D'après lui, cela ne doit intervenir qu'après intervention d'un juge, comme c'est désormais le cas en France avec Hadopi.

Enfin, concernant le financement de la culture par les fournisseurs d'accès , mesure proposée par François Hollande, Xavier Niel rappelle que «les FAI sont souvent mis à contribution pour financer la création» et pense que le financement doit être «sur le budget général de la France et non pas sur des petites taxes à droite et à gauche».