En 2011, 189 millions ont été reversés aux ayants droit au titre de la rémunération pour copie privée. Mais pour le Simavelec, il y a un trop versé. Et pas qu'un peu : 100 millions d'euros ont été aspirés indument. Des sommes répercutées sur le consommateur final qui supporte le coût économique de la RCP. C'est à cette conclusion qu'est parvenu le syndicat des industriels de l'électronique après avoir mené une étude qui sera dévoilée dans une quinzaine de jours. Une évaluation qui intervient alors qu'on apprend que la récente loi sur la Copie privée fera l'objet d'une double action, l'une devant la CJUE, l'autre devant le Conseil constitutionnel.
Lors des discussions sur la loi sur la Copie privée, nous étions loin du compte. Nous avions évalué à l'aide des chiffres du ministère de la Culture que les usages professionnels représenteraient entre 20 % et 30 % du montant des sommes collectées indument depuis 2002. Sur 1,461 milliard d'euros aspirés par CopieFrance et Sorecop, le total aspiré en trop était entre 292 millions d'euros et 438 millions d'euros.
Pour le Simavelec, la note est bien plus salée : le syndicat des industriels évoque un trop versé de 100 millions d'euros chaque année. Comment ? Pour parvenir à ce chiffre, il met en cause la détermination des barèmes au sein de la Commission copie privée. Une critique assénée plusieurs fois, mais qui n'a jamais fait mouche auprès des ayants droit.
Les industriels considèrent en effet qu'un bug de conception pourrit les barèmes. Ces barèmes servent à justifier la RCP et prennent pour assise la capacité. Avec des capacités qui grimpent en flèche, les ayants droit peuvent mécaniquement réclamer toujours plus. Pour les industriels, il faut revoir cette religion ambiante et ne se fonder que sur le préjudice, raison d'être de la redevance pour copie privée.
Des duplications sans préjudice, sans copie privée.
Préjudice ? Le préjudice est l'acte manqué d'achat d'un nouvel exemplaire. Quand on achète un CD-Audio et qu'on réalise une copie qu'on écoute tous les jours, il y a une copie privée et un préjudice réel qu'il est nécessaire de compenser à l'aide de la redevance pour copie privée. C'est la beauté de ce dispositif que de permettre les copies tout en assurant la rémunération des créateurs.
Cependant, parfois on effectue une copie qu'on n'écoute pas ou si peu. Le préjudice est négligeable.
Il y a aussi des hypothèses où la copie privée est interdite (DRM sur les DVD vidéo) ou tout simplement contre-nature (supports acquis par les professionnels, copie de sources illicites). D'autres fois encore, on convertit un CD en MP3 parce que le format ne convient pas. C'est de la copie privée, mais il n'y a pas de préjudice nous expliquait déjà Bernard Heger, délégué général du Simavelec (voir également cet article très récent d'Usine Nouvelle).
Bref, il y a toute une série d'évènements qui « désagrègent » les flux financiers aspirés par CopieFrance, soit parce qu'il n'y a pas ou peu de copie, soit parce qu'il n'y a pas ou peu de préjudice.
Dédommager un préjudice, plus qu'assurer une rémunération.
On remarquera enfin que les ayants droit ont toujours préféré parler de « rémunération pour copie privée » plutôt que compensation d'un préjudice. Cette notion de rémunération donne une coloration alimentaire. La CJUE a tout de même remis les pendules à l'heure dans sa décision fondatrice « Padawan » en expliquant que la directive 2001/29 - celle qui fonde la copie privée - est « nécessairement calculée sur la base du critère du préjudice causé aux auteurs des œuvres protégées à la suite de l'introduction de l'exception de copie privée. »