Microsoft a racheté Skype au mois de mai de l'année dernière. Une annonce importante et une dépense impressionnante puisque la firme de Redmond a posé sur la table pas moins de 8,5 milliards de dollars. Alors que la stratégie du géant reste encore à connaître, Cisco revient sur l'acceptation du rachat par la Commission européenne et demande un réexamen.
La peur de l'impact dans le monde professionnel.
Le rachat de Skype laisse envisager une très forte interaction entre le service de VoIP et les produits de Microsoft. La firme travaille actuellement à l'unification de ses écosystèmes et Skype y jouera un rôle très actif. Qu'il s'agisse de téléphonie, d'ordinateurs classiques ou de consoles, tous les utilisateurs auraient potentiellement un système unique de communication. Mais c'est dans le cadre de l'entreprise que Cisco détecte des problèmes potentiels puisque l'entreprise dispose de solutions concurrentes.
Cisco a peur de l'intégration de Skype dans Lync, le client unifié de communications lancé l'année dernière par Microsoft, et disponible notamment dans les abonnements Office 365. Pour le célèbre équipementier, Microsoft disposerait d'une position beaucoup trop forte sur la VoIP au point d'imposer par la suite sa volonté.
Assurer l'interopérabilité.
Cisco ne remet pas en cause le rachat lui-même et indique d'ailleurs ne pas s'être élevé lors de la procédure de validation en Europe. Toutefois, l'Union aurait dû imposer quelques garde-fous selon l'entreprise, et un appel a donc été déposé :
« Cet appel ne concerne qu'un seul élément : sécuriser l'interopérabilité basée sur les standards dans le secteur des appels vidéo. Notre objectif est de rendre les appels vidéo aussi simples et sans heurts que le courrier électronique. Effectuer un appel vidéo devrait être aussi facile que de composer un numéro de téléphone. Aujourd'hui, toutefois, vous ne pouvez pas faire d'appels vidéo depuis une plateforme vers une autre, à la grande frustration des consommateurs et entreprises. »
Cisco ne souhaite pas revenir sur le rachat proprement dit mais aimerait que des conditions soient mises en place, car elle estime que « la Commission européenne aurait dû mettre en place des conditions qui auraient assuré une meilleure interopérabilité basée sur les standards, pour éviter qu'une seule et même entreprise puisse contrôler le future des communications vidéo ».
Car c'est là pour Cisco tout le problème : si Microsoft cherche à unifier la totalité de ses produits selon des lignes fortes, alors Skype y jouera un rôle majeur. Conséquence, tout l'écosystème du géant représentera un bastion pour Skype, et la moindre tentative de communication devra passer par une adaptation, et donc le bon vouloir de Microsoft. Et puisque cela toucherait notamment le monde professionnel, Cisco y voit un danger important pour son activité professionnelle.
Microsoft en tout cas reste confiant face à la situation. Dans une réponse envoyée à ZDnet, la firme indique : « La Commission européenne a conduit une enquête poussée sur l'acquisition, dans laquelle Cisco a activement participé et a approuvé le rachat dans une décision de 36 pages sans conditions ». Microsoft se dit finalement confiante car la décision de la Commission aura selon elle le dernier mot.