Le site Internet de l'Élysée a été victime de deux attaques informatiques d'envergure peu de temps avant la prise de fonctions de François Hollande, le 15 mai dernier. C'est en tout cas ce que révèlent aujourd'hui nos confrères du Télégramme. Restées secrètes jusqu'ici, ces cyber-attaques relancent le débat de la vulnérabilité des réseaux de l'État français, qui a été la cible de nombreuses agressions au cours des derniers mois.
D'après Le Télégramme, la dernière de ces deux cyber-attaques est intervenue entre le 6 et le 15 mai, jour de la passation de pouvoirs entre Nicolas Sarkozy et François Hollande. Qualifiées de « majeures », ces agressions informatiques ont nécessité trois jours de travail aux « nettoyeurs » des services gouvernementaux spécialisés. Ces derniers ont du « reconstruire de fond en comble les systèmes d'information du palais de l'Élysée », juste avant l'arrivée du président élu, ce qui a permis d'après le Télégramme de faire diversion, le personnel de la présidence leur ayant affirmé qu'il s'agissait simplement de « préparer la transition à une nouvelle équipe ». Nous avons contacté l'Élysée et attendons encore leur réaction.
La vulnérabilité des réseaux de l'État en question.
Même s'il semble difficile de mesurer précisément l'envergure de ces deux attaques, on peut toutefois noter que celles-ci se répètent au fil du temps. On se souvient par exemple qu'en janvier dernier, des agressions revendiquées par des membres de la mouvance Anonymous avaient été perpétrées contre le site de l'Élysée, peu de temps après la fermeture de MegaUpload. En 2011, nous avons eu l'occasion de relater le cas de plusieurs cyber-attaques concernant des sites gouvernementaux, dont la plus importante était probablement celle commise à l'encontre de plus de 150 ordinateurs de la Direction du Trésor, à Bercy.
Suite à l'ampleur et à la répétition de ces attaques informatiques, les autorités avaient décidé d'adopter de nouvelles mesures visant à renforcer les pouvoirs de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI), créée en 2009. Le Gouvernement avait ainsi annoncé le 25 mai 2011 en Conseil des ministre qu'il allait « accélérer la croissance des effectifs et des moyens de l'ANSSI ». Une série de mesures était ainsi déclinée, promettant notamment « un groupe d'intervention rapide placé à l'ANSSI, formé d'experts capables d'intervenir sur les systèmes d'information de l'État », ou bien encore « un réseau interministériel sécurisé regroupant l'ensemble des réseaux des ministères et permettant la continuité de l'action gouvernementale en cas de dysfonctionnement grave d'Internet ».
Ces cyber-attaques tombent à pic pour Jean-Marie Bockel, sénateur (Union centriste) spécialisé en matière de cyber-défense. Ce dernier doit en effet remettre la semaine prochaine un rapport relatif à la vulnérabilité des ordinateurs et des réseaux gouvernementaux, comme le note Le Télégramme.