En guerre ouverte depuis plusieurs années avec des associations américaines d'auteurs de livres, dont l'Authors Guild, Google est actuellement en procès pour violation de droits d'auteurs. Un récent document fourni lors du procès dévoile cependant de nombreuses informations sur Google Books (Livres), projet lancé fin 2004. Nous apprenons notamment qu'une présentation interne en 2003 précisait spécifiquement que Google Livres avait pour but de concurrencer Amazon.
Concurrencer Amazon.
« Nous voulons que les personnes cherchant sur le web et intéressées par les contenus des livres viennent sur Google et non Amazon. » Cette citation lisible en page 15 (point 76) du document a pour source une présentation interne du projet en 2003, un an avant le lancement officiel de Google Books.
Le libraire Amazon, déjà très puissant à l'époque, était donc dans la ligne de mire de Google depuis le départ. On notera que neuf ans plus tard, Amazon et Google sont des concurrents directs dans de nombreux secteurs, que ce soit dans le secteur des livres, celui du cloud, des plateformes de téléchargement d'applications Android, de la vente de musiques et de vidéos numériques, etc.
20 millions de livres déjà numérisés.
Outre cette volonté de nuire de façon directe à Amazon, le document nous apprend que Google compte 300 machines dédiées au scan des livres, et que son rythme maximal a été de 4 millions de livres numérisés en une seule année. Au total, Google a déjà numérisé 20 millions de livres, même s'il n'en livre au public qu'une partie pour le moment. Environ la moitié ne sont pas libres de droits.
Ces 20 millions de livres ont pu être numérisés grâce à un budget de 30 à 40 millions de dollars par an uniquement pour l'activité de numérisation. 180 millions de dollars ont ainsi été dépensés en six ans selon Dan Clancy, directeur du projet Google Books. Ceci sans compter les salaires et les autres frais des 20 employés de l'équipe dédiée à Google Books.
Les auteurs demandent 750 $ par livre scanné par Google.
Notez que l'Authors Guild demande 750 dollars de dommages et intérêts par livre numérisé par Google, ceci pour ne pas avoir demandé d'autorisation avant la numérisation et ne pas avoir rétribué les ayants droit. Les sommes en jeu sont donc colossales et peuvent atteindre des centaines de millions de dollars.
Le conflit entre Google et les ayants droit a débuté en 2005 et entame donc sa 7ème année. Google estime que son service Books « n'est pas un substitut de livres, les lecteurs doivent toujours acheter un livre à un magasin ou l'emprunter à une bibliothèque pour pouvoir le lire ». Un accord de 125 millions de dollars avait été trouvé en 2008, accord finalement rejeté par le juge.
La prochaine étape importante de ce conflit aura lieue de 9 octobre prochain. Une audition devant le juge Denny Chin sera organisée ce jour. Nous saurons alors si la demande de rejet de la plainte par Google sera acceptée ou non.