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Une bactérie anti-obésité découverte par des chercheurs belges


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En 2006, une étude a démontré que les gens obèses avaient un système bactériologique différent du reste de la population. Les bactéries présentes dans leurs intestins étaient moins nombreuses et d'un genre différent à celui des gens de gabarit plus « normal ». Principale bactérie en cause: l'akkermansia muciniphila, qui constitue normalement 3 à 5% de la population de bactéries dans les intestins, mais diminue drastiquement chez les obèses.

Partant de ce constat, des chercheurs de l'université catholique de Louvain ont cherché à augmenter le taux d'akkermansia muciniphila dans les intestins de souris obèses pour savoir si la bactérie pouvait les faire maigrir. Le résultat a été publié dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences et il est sans appel: oui, les souris ont perdu du poids.

Pour ce qui est du déroulement de l'étude, les chercheurs ont d'abord imposé un régime alimentaire extrêmement riche en gras (2 à 3 fois plus que pour une souris normale) pour les faire grossir rapidement.

Deuxième étape: la bactérie « akkermansia muciniphila » a été administrée aux souris devenues obèses. Conséquence: celles-ci étaient toujours plus grosses que les souris normales mais elles avaient perdu la moitié de leur surpoids, et ce même en étant toujours nourries selon le même régime riche en matières grasses.

En outre, leur taux de résistance à l'insuline (hormone provenant du pancréas permettant de réguler les acides gras et le sucre) avait diminué. Ce taux de résistance est un des symptômes clés du diabète.

Bientôt des médicaments à la bactérie?

Mais comment expliquer un tel changement dans le métabolisme? La bactérie fonctionne en fait comme un ciment permettant d'épaissir les barrières muqueuses à l'intérieur des intestins, avec pour effet d'arrêter le parcours de certaines substances entre les intestins et le sang, donc la prise de masse. Le professeur Patrice Cani, qui a participé à l'étude a déclaré:

« C'est la première fois que l'on parvient à démontrer un lien direct entre une espèce particulière de bactérie et le renforcement du métabolisme. »
Selon les chercheurs, la découverte a ceci d'étonnant qu'elle démontre qu'une seule bactérie, sur les milliers présents dans l'organisme, pouvait avoir une telle influence sur le métabolisme.

Mais qu'en est-il du corps humain? Pourra-t-on bientôt fabriquer des médicaments à base d' « akkermansia muciniphila » afin de réduire une obésité grimpante parmi la population mondiale? Il s'agit là d'un premier pas, d'après Patrice Cani, pour qui un tel traitement pourrait être commercialisé « dans un futur proche ». Colin Hill, microbiologiste à l'université de Cork (Irlande) est quant à lui plus pragmatique: « Je ne pense pas qu'on pourra manger des gâteaux à la crème et des saucisses-frites toute la sainte journée puis annuler leur effet en mangeant la bactérie », a-t-il déclaré.

Pourtant, Colin Hill est d'avis que ces recherches pourront aider à comprendre ce qui se passe exactement dans les intestins et à apporter des conseils sur-mesure aux personnes cherchant à perdre du poids.