Le tribunal administratif de Nantes a décidé ce jeudi d'annuler l'interdiction du spectacle de Dieudonné voulue par le ministre de l'Intérieur. Ce dernier fait désormais face aux critiques nourries de l'opposition. Florilège.
Manuel Valls est critiqué ce jeudi pour avoir engagé le 27 décembre dernier un bras de fer judiciaire pour faire interdire les spectacles de Dieudonné.
"Nous avons gagné le combat politique de la mobilisation et du sursaut". La décision du tribunal administratif de Nantes de casser l'arrêté d'interdiction du spectacle de Dieudonné à Nantes jeudi soir n'a pas fait plier Manuel Valls, qui fonde désormais ses espoirs sur son appel auprès du Conseil d'Etat. Et au delà sur d'éventuels recours contre des propos qui pourraient être tenus lors du show. Mais le ministre de l'Intérieur est désormais sous le feu des critiques pour sa gestion du dossier.
"L'échec de Valls montre que sa communication n'arrive pas à cacher son amateurisme dans l'action (dans tous les domaines)", a lancé Jérôme Lavrilleux sur Twitter. Le directeur de cabinet de Jean-François Copé a ainsi contredit le président de l'UMP, qui assurait encore le 29 décembre dernier son "soutien total à la décision de Manuel Valls."
Brice Hortefeux a renchéri dans l'après-midi, voyant "un désaveu cinglant pour le gouvernement et son ministre de l'Intérieur" dans la décision du tribunal administratif de Nantes de casser l'arrêté d'interdiction du spectacle. Dieu"Même si chacun mesure à quel point Dieudonné est un provocateur [...] le gouvernement a pris le risque d'affaiblir l'autorité de l'Etat afin de faire de la diversion politique pour mieux masquer sa succession d'échecs", a-t-il ajouté.
Jean-Louis Borloo (UDI) a lui aussi critiqué la volonté du gouvernement d'interdire les spectacles de Dieudonné. "Dès lundi, nous avions indiqué que nous avions de grandes inquiétudes sur cet outil de l'interdiction des spectacles a priori, que la juridiction administrative risquait de donner tort au gouvernement et que ça serait très grave", a-t-il déclaré.
"Oui à une censure a posteriori, non à une censure".
"Valls a voulu amuser la galerie avec sa quenelle, il vient de subir un camouflet monumental et a excité les tensions", a également réagit le vice-président du parti Florian Philippot. Et de fustiger un "ministre indigne".
La décision du tribunal administratif de Nantes n'est pas une surprise: de nombreux observateurs issus du monde juridique s'étaient montré critiques envers la démarche de Manuel Valls. "Je critique l'annonce du ministre de l'intérieur de vouloir interdire ses spectacles. Oui à une sanction a posteriori, non à une censure", écrivait par exemple fin décembre sur Twitter l'avocat blogueur Maître Eolas, rejoint par l'ancien avocat général Philippe Bilger qui jugeait pour sa part que la meilleure méthode dans ce type d'affaires reste de s'en tenir aux faits. "Quand il y a des infractions, il faut les poursuivre si elles sont caractérisées", écrivait-il.
Le PS "à ses côtés pour mener le combat".
Le premier secrétaire du PS Harlem Désir a quant à lui soutenu Manuel Valls. "Nous sommes à ses côtés pour mener jusqu'au bout le combat contre l'idéologie antisémite et négationniste que Dieudonné répand dans ses spectacles", a-t-il martelé.
Jean-Luc Mélenchon s'est lui dit "déçu par la décision du tribunal de Nantes face à Dieudonné. Mais cette lutte est d'abord politique", écrit le leader du Front de Gauche sur son compte Twitter. "Elle continue."