ToutSurTout.biz
Rachat de T-Mobile US : Iliad a quand même quelques arguments


Business : Coup de poker ? Si la bourse et la presse ne semblent guère croire aux chances de Xavier Niel de réaliser son pari avec T-Mobile, Iliad a tout de même quelques arguments encourageants.

https://www.world-lolo.com/images/uploads/image.num1407060399.of.world-lolo.com.png



Voilà comment l'on se crée une image. Il aura fallu un article du Wall Street Journal, confirmé par communiqué de presse, et le "trublion" français a réussi en quelques heures à exporter son image de secoueur de cocotier de l'autre côté de l'Atlantique.

Evidemment, l'offre d'Iliad sur T-Mobile US ne pouvait laisser la presse américaine indifférente. Xavier Niel, dont le Wall Street Journal retient la coupe de cheveux, le succès et le parcours que l'on connait, a fait fort en mettant son grain de sel dans les négociations entre Sprint et T-Mobile US pour le rachat du dernier.

Iliad, pas à la hauteur ?

Celles-ci trainent en longueur - et pourraient connaître un coup d'accélérateur. Car Sprint, soutenu par sa maison-mère Softbank, a a priori des arguments bien plus solides qu'Iliad. Un rachat par Sprint valoriserait T-Mobile à 2 milliards de dollars de plus qu'avec Iliad.

L'opérateur français ne semble guère taillé, avec sa valorisation à 16 milliards de dollars - contre 25 milliards pour T-Mobile avant l'offre - et sa promesse de "synergies" à hauteur de 10 milliards de dollars qui laissent sceptiques. Cependant, Iliad a quelques arguments dans sa besace :

Contrairement au rachat par Sprint, une acquisition par Iliad ne reconcentrerait pas le marché américain. La question est ici la même que celle qui s'est posée lors du rachat de SFR en France. Si Sprint reprend T-Mobile, le marché US retourne à trois opérateurs. Ce que les autorités de la concurrence américaine ne voient pas vraiment d'un très bon oeil. Si Iliad faisait son entrée dans la course, il ne devrait pas soulever d'obstacle majeur de ce point de vue.
Deutsche Telekom pourrait être tenté par une résolution rapide. Les obstacles réglementaires étant plus simples à lever, Deutsche Telekom, encore majoritaire dans T-Mobile US, pourrait voir l'occasion de se débarrasser un peu plus vite du bébé. Ce qu'il semble enclin à faire, surtout depuis que les négociations avec Sprint patinent. Cela dit, l'offre d'Iliad pourrait aussi pousser ce dernier à accélérer la cadence.
T-Mobile US et Iliad, un ADN commun ? La presse américaine, dont le Wall Street Journal, à l'origine de l'histoire, n'a pas manqué de souligner la stratégie d'Iliad depuis son entrée sur le marché du mobile en 2012 avec Free Mobile. "Avec cette offre, le milliardaire parti de rien parie qu'il peut avoir le même effet disruptif aux Etats-Unis qu'il a initié en France." Pour GigaOm, "la mentalité de parvenu d'Iliad en fait en réalité une option beaucoup plus naturelle pour T-Mobile." Ce dernier s'est d'ailleurs distingué par une campagne commerciale baptisée "Uncarrier", tapant à bras raccourcis sur les autres opérateurs... Ca ne vous rappelle personne ?
L'intégration serait plus simple techniquement. Sprint est un opérateur sur réseaux CDMA et T-Mobile utilise le GSM, note GigaOm. Ce qui risque de rendre leur intégration lourde, compliquée et laborieuse. Et risque de produire "plus de stagnation que d'innovation", juge le site. Un bon argument pour Iliad, vierge sur le territoire américain.... Ce qui est aussi, peut-être, l'un de ses principaux points faibles. Car, rappelle le Wall Street Journal, Iliad n'a fait qu'une acquisition en plus de 20 ans. "Iliad n'a aucune présence en dehors de la France ou d'expérience pour intégrer une entreprise de la taille de T-Mobile."
Iliad a le soutien des banques. On n'en sait guère plus, mais l'entreprise de Xavier Niel a visiblement - et évidemment - prévu le coup. L'entrepreneur savait qu'on lui opposerait sa petite valorisation face à la cour des grands d'Amérique. D'où la proposition de financer le rachat par une combinaison de cash et de dette. Restait une caution nécessaire : le soutien des banques. Iliad l'a apparemment.
Evidemment, tous ces arguments ne seront peut-être pas suffisants. Et rien ne dit qu'Iliad n'a pas un plan B en cas d'échec, fortement plausible. S'il a d'ores et déjà réussi son opération communication en France, Xavier Niel a également déjà atteint un objectif possible : faire parler de lui et de son entreprise aux Etats-Unis. Il n'est donc pas dit que, même en cas de rejet de son offre, Iliad ne puisse tirer parti un jour de cette notoriété nouvelle.

Par Antoine Duvauchelle | zdnet | Vendredi 01 Août 2014