Les médecins s'affirment, plus inquiets par le tabac ou l'excès de sucre, que par l'huile de palme. Un combat surtout écologique.
Chips, biscuits, plats préparés, pâte à tartiner, l'huile de palme est omniprésente dans notre alimentation. Fabriquée principalement en Malaisie et en Indonésie, elle est la moins chère du marché. De 1981 à 2012, sa production est passée de 7,6 millions de tonnes à plus de 53 millions.Riche en acides gras saturés, elle est accusée de faire grimper le cholestérol et les risques d'accidents cardio-vasculaires. Pas si sûr, affirment des médecins qui entendent « dédiaboliser » l'huile de palme. « Il n'y a pas d'études épidémiologiques qui permettent d'incriminer cette huile dans les cas de maladies cardiovasculaires », assure Guy André Pelouze, chirurgien thoracique et cardiovasculaire. Ce dernier est en revanche beaucoup plus inquiet par « la sédentarité, l'excès calorique et la consommation de tabac » de nos concitoyens.
Risque de déforestation.
Pour Jean-Michel Lecerf, chef du service nutrition à l'institut Pasteur de Lille : « Il n'y a pas d'huile parfaite. » Celle de palme « peut trouver sa place à côté des autres. Elle doit être utilisée quand elle présente le meilleur choix ». Il lui trouve même un avantage : « Elle a permis la disparition des acides gras 'trans' issus de l'hydrogénation industrielle ». Ces derniers présentent, eux, un réel risque cardiovasculaire.En France, on consomme environ deux kilos par an et par habitant d'huile de palme. Ce qui est relativement peu. Alors pourquoi la controverse est-elle si bouillante ? « Il faut replacer tout ça dans un contexte plus global qui va au-delà de la santé, précise Jean-Yves Le Déaut, député socialiste de Meurthe-et-Moselle, et vice président de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques. Une consommation modérée de cette huile n'a pas d'incidence, plus qu'une autre, sur notre santé. »« Mais pour répondre à la demande mondiale, la production est en constante augmentation et amène un risque de déforestation et la disparition des orangs-outangs. Même si le commerce du bois est majoritairement responsable de la destruction des forêts, 7 % ont déjà été remplacés par des palmiers à huile. »