Le voilà donc, ce film qui, évoquant la vie des domestiques noires dans le Sud profond des années soixante, a déchaîné les passions outre-Atlantique, où le sujet reste sensible. Adapté du best-seller de Kathryn Stockett, « la Couleur des sentiments » imagine l'alliance improbable d'une jeune journaliste blanche et de deux servantes noires se confiant à elle sur leurs conditions de travail en vue de la publication d'un livre-vérité. Porté par des interprètes remarquables (mention spéciale à Viola Davis, à qui l'on prédit un oscar), le film est un mélo efficace. Un feelgood movie dont on ressort la larme à l'œil et la conscience apaisée. Car en inventant ce personnage de sauveuse blanche qui n'eut pas d'équivalent dans la réalité, le film réécrit l'histoire de la lutte pour les droits civiques. Ça s'appelle du révisionnisme soft et, au minimum, c'est extrêmement maladroit