https://www.youtube.com/watch?v=u6Y1xH5mjK8
Ce sont les relations humaines et leur exploration sensible qui font d'Araki un conteur du lien social hors pair. Il a en lui quelque chose d'enfantin, mélange de sérieux parce que la vie est un poids pour les gosses mais aussi une innocence touchante dont il ne se défait pas. White Bird est à son image, comme tous ses autres films, mélancolique, truffé de petites touches nostalgiques (le film se situe à la fin des années 80). La relation entre Kat et son voisin Phil, qui devient son petit ami, est amorcée dans une séquence merveilleuse. De la rencontre dans une boîte de nuit gothique au premier baiser, des embrassades fougueuses dans des lieux divers jusqu'à la perte de la virginité, le tout monté avec une élégance folle. Le souvenir est émouvant chez Araki car il réveille les nôtres.
Le plus fascinant chez lui, c'est son absence totale de prétention. Jusque dans le traitement de l'intrigue, à savoir qu'est devenue la mère de Kat, Araki reste fidèle à son cinéma de l'innocence. Aussi dramatique que soit le sujet, il ne quitte jamais son petit pelage ébouriffé d'oiseau tombé du nid. On ne peut s'empêcher d'imagine ce que le scénario de White Bird aurait donné s'il avait échoué dans les mains d'un David Fincher, le scénario de Gone Girl n'est pas très loin de celui de White Bird. Car Araki finit par retomber sur les traces du roman qu'il adapte et sa résolution, comme on le disait en préambule, manque de panache, comme s'il avait été rattrapé par le sujet et qu'il s'en débarrassait un peu vite, à renfort de flashbacks vite balancés.
Peu importe finalement, White Bird laisse une trace dans la mémoire, celle-là même qui survit en rangeant les traumas au grenier des souvenirs, sous un épais manteau d'hiver. La petite musique des eighties, The Cure, Depeche Mode, résiste au temps qui passe et continue de mettre à nu nos peaux d'enfants, aussi mystérieuses soient-elles. C'est ce que semble dire Araki, débarrassons-nous de nos linceuls !