Odoxa réalise tous les mois pour MNH, le « Carnet de santé des Français », en partenariat avec France Inter et le Figaro.
La cigarette électronique
Les Français sont favorables à l'interdiction de la cigarette électronique sur le lieu de travail et soutiennent la politique santé des pouvoirs publics qu'ils jugent « bien équilibrée »
Plus des deux-tiers des Français sont favorables à l'interdiction de la cigarette électronique sur le lieu de travail. Parmi eux, la grande majorité (40% sur les 67%) est même « tout à fait favorable » à cette mesure coercitive.
Cette mesure est non seulement largement soutenue mais elle est en plus unanimement consensuelle sociologiquement : toutes les catégories de la population : les jeunes (70%) comme les seniors (65%), les cadres (76%) comme les ouvriers (59%), les ruraux (66%) comme les plus urbains (66% en région parisienne), les plus pauvres (62%) comme les plus riches (73%) y sont tous très largement favorables... même si l'adhésion est croissante avec le niveau de revenu (11 points d'écart entre les plus pauvres et les plus riches) et le statut social (17 points d'écart entre les cadres et les ouvriers).
Il en est de même politiquement, ce qui est encore plus rare : les sympathisants de gauche (68%) tout comme ceux de droite (67%) sont une très large majorité à soutenir cette interdiction. Encore plus fort, l'adhésion à la mesure, qui était déjà largement majoritaire lorsqu'elle a été annoncée en avril dernier (61% selon le sondage Odoxa-FTI-Les Echos d'avril 2015) a encore progressé en trois mois depuis l'annonce de sa mise en œuvre (+6 points).
Plus globalement, Marisol Touraine, le Ministère de la Santé et, plus globalement, les pouvoirs publics en charge des politiques de santé peuvent surtout se réjouir que globalement, leur action - y compris la plus coercitive - soit largement soutenue par les Français.
Ainsi, alors que l'on entend souvent des commentaires sur l'agacement supposé du peuple à l'égard des mesures coercitives qui sont prises pour protéger sa santé (des politiques de santé publique à celle de sécurité routière), ces assertions relèvent davantage du lieu commun ou de la légende urbaine que du juste reflet des perceptions de nos concitoyens. Ainsi, s'agissant « des mesures d'interdictions prises ces dernières années concernant la cigarette puis la cigarette électronique (qui va être interdite au travail dans les prochaines semaines) », seulement moins d'un tiers des Français (32%) a le sentiment que « les pouvoirs publics vont trop loin » Plus d'un sur cinq (21%) estime au contraire qu'ils « ne vont pas assez loin », la majorité de nos concitoyens estimant en fait qu'ils « prennent des mesures équilibrées, tenant compte à la fois de la liberté individuelle et de la promotion de la santé des Français ».
La canicule
Les deux-tiers des Français ne sont pas spécialement inquiets par l'épisode de canicule et autant jugent que le Ministère de la santé agit et communique comme il faut à ce sujet
L'autre sujet d'actualité du moment en matière de santé, ou de risques pour la santé, concerne l'épisode de canicule que traverse la France en ce moment. Or, comme pour la cigarette électronique, les Français sont - pour une fois - en phase avec l'action du gouvernement.
Les deux-tiers des Français (64% contre 35%) sont assez peu inquiets pour leur propre santé et celle de leurs proches et ils sont aussi nombreux (67% contre 32%) à juger que « les pouvoirs publics et notamment le Ministère de la santé agit et communique comme il le faut pour prévenir d'éventuels décès à cause de l'épisode de chaleur que nous traversons ».
On ne fait pas (trop) de clivage politique sur la santé : même s'ils sont moins positifs que les sympathisants de gauche (79%), les sympathisants de droite sont eux-aussi une très large majorité (59%) à créditer les pouvoirs publics et le Ministère de la Santé d'agir et de communiquer comme il le faut sur le sujet.
Voilà qui est rare et qui constitue incontestablement une bonne nouvelle pour Marisol Touraine.
Néanmoins derrière ce résultat global se cachent de très fortes disparités de perceptions qui invitent tout de même à rester très vigilants s'agissant des populations se sentant à risque. Ainsi des différences sur l'inquiétude face à la canicule apparaissent assez nettement dans l'enquête, même si elles ne se trouvent curieusement pas sur l'âge des répondants - les seniors (31% sont inquiets) n'étant pas plus inquiets que les plus jeunes (31%) - mais plutôt sur le niveau d'isolement probable des proches des personnes interrogées. Ainsi, les habitants de la région parisienne (41% sont inquiets), où le lien familial est plus distendu, mais aussi les personnes au foyer (58%) - le plus souvent elles-mêmes seules ou en charge d'un proche dépendant - sont nettement plus inquiètes que la moyenne des Français.
La vigilance doit donc rester de mise.
Gaël Sliman, Président d'Odoxa