Un gynécologue strasbourgeois vient d'être mis en examen pour le viol d'une de ses patientes. Cette dernière l'accuse d'avoir effectué un toucher vaginal qu'elle qualifie d' « inapproprié ». Révélées par les Dernières nouvelles d'Alsace (sur abonnement) les informations ont été confirmées à l'AFP par l'avocat du médecin, Me Yannick Pheulpin
Le gynécologue exerce sa spécialité depuis une trentaine d'années. Il conteste « farouchement » tout geste déplacé. Pour lui, « il ne s'est agi que de gestes médicaux, qui n'avaient aucune connotation sexuelle au sens où la loi pénale l'entend. Ce qui s'est passé était totalement étranger à toute notion de recherche de plaisir », prend soin de préciser Me Pheulpin. A l'issue de sa garde-à-vue, l'homme a été placé mercredi 4 novembre sous contrôle judiciaire avec interdiction de poursuivre ses consultations à son cabinet. Il peut en revanche continuer à pratiquer des interventions chirurgicales à l'hôpital, a ajouté l'avocat.
Sept ans après les faits
Le dossier semble a priori assez compliqué. Les faits dénoncés datent du mois d'octobre 2013. La jeune patiente, alors étudiante, n'a porté plainte qu'en juillet 2014. « Dans sa plainte initiale, elle évoquait un toucher rectal, mais devant la police en novembre 2014 elle parlait d'un toucher vaginal », prend soin de souligner Me Pheulpin.
Les enquêteurs ont aussi trouvé trace d'une autre patiente qui avait dénoncé en 2008 le comportement du même gynécologue auprès du conseil de l'Ordre. Il s'agissait là aussi d'un toucher vaginal « inapproprié ». La femme n'avait pas déposé plainte à l'époque des faits. Entendue récemment comme témoin elle a indiqué aux enquêteurs qu'elle ne souhaitait pas plus le faire aujourd'hui, sept ans après les faits.
«Violence inouïe »
« Le mettre en examen et lui interdire d'exercer, je trouve ça d'une violence inouïe au regard du contenu de ce dossier, commente l'avocat du médecin. Il n'y avait pas d'indices graves ou concordants justifiant de telles mesures. »
Coïncidence, ce dossier présente quelques similitudes avec celui d'un gynécologue d'Arras qui vient lui aussi d'être mis en examen pour viol, et qui lui aussi nie radicalement les accusations dont il fait l'objet comme le raconte La Voix du Nord :
« Ce médecin avait déjà fait l'objet d'une enquête en 2009, mais l'affaire avait été classée à l'époque. Une seule plainte avait en effet été déposée. C'était la parole d'une patiente contre la sienne, celle d'un professionnel très respecté dans le milieu de la gynécologie. Mais cette fois, c'est une trentaine de patientes, dont vingt ont déjà déposé plainte, qui se disent victimes de viols ou d'agressions sexuelles.
Actes anormalement long
« L'affaire a débuté en juillet 2014 quand une patiente a porté plainte contre le gynécologue à la brigade de gendarmerie de Vitry-en-Artois. Selon elle, le gynécologue arrageois aurait eu des gestes très éloignés d'actes médicaux. Une enquête est ouverte et la brigade des recherches d'Arras est saisie du dossier. Les gendarmes explorent alors la liste des patientes à qui ils envoient un questionnaire par mail. Les retours sont nombreux. « Pour certaines c'était des premiers examens, elles ne savaient pas trop comment ça fonctionnait, c'est en discutant ensuite avec des amies qu'elles ont cogité sur la manière de faire, indique une source proche du dossier. Mais d'autres patientes disaient beaucoup de bien de lui, ne faisaient que des éloges, voire admettaient avoir pris du plaisir involontaire ».
« Au parquet d'Arras, on évoque « des actes anormalement longs sur des zones érogènes, parfois pendant quarante-cinq minutes » et une « accumulation de propos identiques tenus par les patientes qui décrivent des pratiques identiques ». À l'issue de plusieurs mois d'enquête, le gynécologue, qui exerce square Saint-Jean, a été convoqué à la brigade des recherches mardi, puis placé en garde à vue. Il a finalement été déféré au parquet mercredi matin puis mis en examen par un juge d'instruction béthunois pour « viols par personne abusant de l'autorité conférée par ses fonctions » et « agressions sexuelles aggravées ».
Examens sans gants
« Des accusations que l'intéressé, défendu par Me Franck Berton, ténor du barreau de Lille, rejette en bloc, affirmant que les plaignantes ont mal interprété les actes médicaux. « Il trouve des explications cohérentes liées à sa profession, mais il y a des choses qu'il a du mal à justifier comme des examens sans gants », poursuit cette source. Il a finalement été laissé libre, mais placé sous contrôle judiciaire. Il a notamment interdiction d'exercer la gynécologie, mais pourra poursuivre ses activités liées à la procréation médicalement assistée et à l'endocrinologie. »