http://rue89.nouvelobs.com/2015/11/14/s … ere-262098
« Après les attentats de janvier, on a entendu dans la bouche de certains gouvernants, notamment Manuel Valls et François Hollande, que nous étions en guerre.
C'est exactement ce que l'on entend de nouveau.
[...]
urtout, cela signifie que nous allons vers ce qui est le sort des démocraties en guerre : l'état d'exception.
L'état d'urgence a été proclamé. Dans un premier temps, on peut se dire que c'est une situation exceptionnelle et que l'on ne peut pas y répondre autrement que par des mesures exceptionnelles.
Sauf que quand on regarde bien, l'état d'urgence n'ajoute pas grand chose à ce qui est devenu permanent. Les mesures anti-terroristes, les lois sur les renseignement, on les a déjà, et cela ne fonctionne pas.
Nous sommes les témoins d'une espèce d'ivresse verbale et idéologique qui répète en boucle un discours martial qui ne sert pratiquement à rien, sauf à nous habituer à vivre dans un système extrêmement dangereux.
J'opposerai à ça ce qu'avait dit le premier ministre norvégien après la tuerie de 2011, c'est-à-dire « bien entendu nous allons rien changer à ce que nous sommes ».
[...]
On est englué dans une réponse facile politiquement : « on va faire la guerre, on va y aller, on va se venger ». Sauf que ce sont des mots. Je crains que nous passions totalement à coté de ce qui produit ce genre d'horreurs.
Non seulement ce qu'on fait est dangereux pour nos libertés, mais cela n'est pas efficace.
[...]
La question qui va se poser, c'est combien de temps ? On va nous dire que le risque est permanent, et d'une certain façon c'est vrai. Au bout d'un certains nombre de jours, qu'est-ce-que l'on fait ? Vigipirate, monte toujours mais ne redescend jamais, parce qu'il peut toujours y avoir des fous.
Nous sommes dans une logique de l'impuissance guerrière. On bombe le torse, on relève le menton, mais ce n'est pas ça qui résout le problème.
Je vois dans toutes ces horreurs la défaite du politique. Comme la seule réponse, c'est de dire : « nous sommes encore plus terribles qu'eux », eh bien nous sommes dans une logique sans fin.
[...]
Ce qui est sûr, c'est que la surveillance généralisée fait passer à coté des vraies cibles. Cette fascination pour les technologies de surveillance globale électronique fait perdre de vue ce qu'est l'efficacité, qui est le renseignement humain et l'infiltration des réseaux.
Aujourd'hui, nous avons à la fois le recul des libertés et l'horreur au milieu de la ville de Paris.
Il faut que l'on pose ces questions, est-ce que l'on va longtemps continuer comme ça ? »
Gros +1.
Via https://twitter.com/robin_prudent/statu … 3246221314