On en entend beaucoup parler depuis plusieurs jours. Et pas forcement en bien. On essaye de vous décrypter tout ça.
Qu'est-ce que le Bitcoin ?
Le Bitcoin est une e-devise : pas de billets, ni de pièces... Mais une monnaie sous forme de codes informatiques cryptés, échangés entre deux ordinateurs. Décentralisé, il n'obéit à aucune instance de contrôle (banques ou gouvernements).
C'est d'ailleurs la raison principale de sa création, début 2009, par une communauté d'informaticiens, pilotée par un informaticien caché sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto.
Le système est programmé de telle façon qu'il ne peut y avoir, à terme, plus de 21 millions de Bitcoins en circulation (à ce jour, 12,4 millions le sont). Mais le Bitcoin est divisible à l'infini.
Il est possible d'échanger des Bitcoins contre des biens, des services, des Euros... via des plateformes (ou bourses) d'échange en ligne. Avantage ? Les frais de transaction sont moindres. Attention, le Bitcoin est très volatile. Il valait environ 400 € vendredi, 900 € en décembre et une vingtaine d'euros il y a un an.
Pourquoi est-il remis en cause ?
Justement parce que l'une des plus anciennes et importantes de ces plateformes, baptisée Mt. Gox, a fermé brutalement en début de semaine. Vendredi, la société, basée au Japon, s'est placée sous la protection de la loi nippone sur les faillites. Mais les utilisateurs de Mt. Gox n'ont pas été informés sur le devenir de leur argent. Selon un document circulant sur le Net, quelque 750 000 Bitcoins, (près de 300 millions d'euros au taux de vendredi) se seraient envolés.
Une (nouvelle) mauvaise publicité pour la monnaie électronique. Non-régulation, manque de sécurité, illégalité... Les autorités ne cessent de pointer du doigt cette monnaie qu'ils ne contrôlent pas. Plusieurs enquêtes ont été lancées, cette semaine, au Japon et aux États-Unis. Avant eux, la Russie et la Chine en avaient interdit l'utilisation.
Monnaie refuge
Le succès, timide au début, a récemment connu un essor phénoménal dans les pays européens en marge de la crise. Mais le bitcoin n'est pas qu'une monnaie refuge : il permet aussi de contourner l'intervention des banques. Les petits commerçants s'échangent des marchandises et les trafiquants font circuler drogues et services interdits. Des transactions du quotidien peuvent également être effectuées, à l'image de ce Canadien qui a mis sa maison en vente ou de cet Américain, sa Porsche, pour 300 bitcoins.
Faut-il encadrer les pratiques ?
Oui, selon Pierre Noizat, fondateur de Paymium, propriétaire de la plateforme d'échange de Bitcoins Bitcoin-central : « Il n'est pas possible d'interdire le Bitcoin, c'est l'avenir. C'est une invention de la même dimension que l'e-mail. L'option, c'est d'encadrer les pratiques. Mt.Gox était à l'opposé de notre mode de fonctionnement. Bitcoin-central est le seul acteur en Europe qui est partenaire avec un établissement de paiement agréé par l'Autorité de contrôle prudentiel de la Banque de France (Lemon Way). »
« Il y a un phénomène de diabolisation du Bitcoin. Le moindre déraillement va être dans les journaux, mais on ne parle pas du développement progressif de son réseau. La chute de Mt.Gox, c'est celle d'un acteur signifiant du réseau. Donc c'est perturbant, mais surtout pour les utilisateurs. C'est forcément une mauvaise publicité qui va durer quelques jours. Mais c'est une péripétie, rien de plus. »
https://www.youtube.com/watch?v=VIh47147ZWQ