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L'Amérique débloque 38 milliards de dollars pour préserver la supériorité militaire d'Israël


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Le nouveau programme d'aide, portant sur la période 2019-2028, doit être signé ce mercredi à Washington. Barack Obama pourra alors se prévaloir d'avoir validé le plus important programme d'aide à un pays étranger jamais consenti par les Etats-Unis.


Correspondant à Jérusalem


Le programme d'assistance, d'une ampleur sans précédent, vise à perpétuer l'«avantage qualitatif» de l'armée israélienne au Moyen-Orient. Après plusieurs mois de négociations parfois âpres, les Etats-Unis viennent de promettre à leur plus proche allié une enveloppe de 38 milliards de dollars [environ 34 milliards d'euros] d'aide militaire sur la décennie 2019-2028. L'accord doit être signé ce mercredi à Washington par le conseiller pour la sécurité nationale de Benyamin Nétanyahou, Jacob Nagel, ainsi que par le sous-secrétaire d'Etat américain pour les Affaires politiques, Thomas A. Shannon Jr.



Ce nouveau plan, décrit par chacune des parties comme conforme à ses intérêts, consacre une légère augmentation de l'aide octroyée par l'Administration américaine à l'Etat hébreu. L'accord actuellement en vigueur, conclu sous la présidence de George W. Bush, prévoit le versement de 3,1 milliards de dollars par an jusqu'en 2018. Il a, depuis trois ans, été agrémenté de «rallonges» pour un montant total d'environ 1,8 milliard de dollars, votées par le Congrès afin de financer le développement des systèmes antimissiles «Dôme de fer», «Arrow 3» ou «Fronde de David».



Le gouvernement israélien, qui a commencé à évoquer les contours du nouveau programme d'aide en 2012, espérait initialement que son montant serait porté à 45 milliards de dollars sur dix ans. Sur ce point comme sur d'autres, Benyamin Nétanyahou a cependant dû revoir ses prétentions à la baisse. Le financement des systèmes antimissiles étant désormais intégré à l'enveloppe globale, l'Etat hébreu s'est engagé à ne plus réclamer d'assistance exceptionnelle au Congrès - sauf en cas de guerre.
A terme, il aura par ailleurs l'obligation de dépenser la totalité de l'aide perçue auprès d'entreprises américaines. Cette clause marque un changement notable par rapport à l'accord précédent, qui l'autorisait à consacrer un quart des sommes allouées par Washington à l'achat de produits fabriqués en Israël afin de stimuler le développement d'un complexe militaro-industriel digne de ce nom.



Le risque de négocier avec Donald Trump



Malgré sa mésentente notoire avec Barack Obama, le premier ministre israélien a préféré s'accommoder de ses conditions plutôt que prendre le risque d'avoir à négocier la nouvelle aide américaine avec son successeur. Le spectre d'une victoire de Donald Trump semble à cet égard avoir constitué un motif d'inquiétude. S'il affirme à tout bout de champ son attachement à Israël, le candidat républicain a annoncé son souhait de remettre en cause certains programmes d'assistance jugés insuffisamment rentables - sans toutefois donner la liste des pays susceptibles d'être visés par des coupes budgétaires.



Benyamin Nétanyahou, en refusant ainsi de céder la proie pour l'ombre, rend d'une certaine façon service à Barack Obama. Après la signature de cet accord, le président américain pourra se prévaloir d'avoir validé le plus important programme d'aide à un pays étranger jamais consenti par les Etats-Unis. Désormais hors d'atteinte pour ceux de ses détracteurs qui lui reprochent d'avoir insuffisamment soutenu Israël, il aura les mains libres pour, s'il le souhaite, exprimer son opposition à la politique de colonisation du gouvernement israélien.


Certains se prennent même à rêver qu'il profitera de sa fin de mandat pour reformuler les paramètres d'un règlement du conflit palestinien - voire, peut-être, pour soutenir leur inscription dans le cadre d'une résolution au Conseil de sécurité de l'ONU. D'autres regrettent déjà qu'il n'ait pas utilisé le levier de l'aide militaire américaine pour faire pression plus efficacement sur Benyamin Nétanyahou.


«L'essentiel est que nous ayons réussi à préserver un programme d'aide en légère augmentation alors que les Etats-Unis connaissent un contexte économique difficile, balaie Yaakov Amidror, ex-conseiller israélien pour la sécurité nationale. Le fait que le financement des systèmes de défense antimissiles soit inscrit dans l'enveloppe globale nous donne la visibilité sur l'avenir dont nos stratèges militaires ont tant besoin. Et la signature d'un accord avec cette Administration, malgré nos divergences importantes sur le nucléaire iranien comme sur le conflit avec les Palestiniens, envoie un message très fort sur la pérennité de notre alliance.»