L'édile de Saint-Bauzille-de-Putois dénonce un "diktat" de l'État. Il refuse d'accueillir ces personnes qui représenteraient 4% de la population de sa ville.
Le maire de Saint-Bauzille-de-Putois (Hérault) a annoncé, le 21 octobre, son intention de démissionner pour protester contre la décision de l'Etat d'héberger prochainement 87 migrants dans sa commune. Celle-ci compte 1.800 habitants, et les 87 migrants y représenteraient environ 4% de la population, mais pas question pour celui-ci de plier face à ce qu'il considère comme un "diktat" de l'État. Pour être effective, sa démission devra être notifiée par lettre recommandée au préfet de l'Hérault qui a un délai d'un mois pour l'accepter ou non.
Face à cette démission, la préfecture de l'Hérault a entrepris des discussions, samedi 22 octobre, pour "apaiser la situation" dans la petite commune située à 40 kilomètres au nord de Montpellier. "Des négociations sont en cours sur le nombre de migrants prévus, qui était le point qui cristallisait les tensions", indique une source préfectorale. "Mais le maire a toujours dit que sa commune était une terre d'accueil", affirme-t-elle. Le préfet du département Pierre Pouëssel souhaite "apaiser la situation", a ajouté la même source.
"87, c'est trop !"
Depuis le 12 octobre, Michel Issert, maire sans étiquette, refuse la décision, qui lui a été, selon lui, annoncée "sans aucune concertation préalable". Celle-ci constitue à ses yeux "un camouflet aux fonctions des élus", comme il l'écrit dans un courrier à la préfecture, assurant craindre "des troubles à l'ordre public". Michel Issert estime "inadmissible" que sa commune soit chargée d'accueillir 87 migrants - de jeunes majeurs célibataires - sur un total de 207 migrants qui doivent être envoyés prochainement au total dans l'Hérault.
Michel Issert a écrit à ses administrés pour signifier sa position et a par ailleurs mis à leur disposition une "urne" en mairie "pour qu'ils puissent donner leur avis", tout en refusant de parler de "référendum", comme Robert Ménard à Béziers. L'annonce de sa démission, faite vendredi 21 octobre lors d'une inauguration, intervient au lendemain de la visite du préfet de l'Hérault, Pierre Pouëssel, dans la petite localité. Ce dernier avait notamment été accueilli par des pancartes "87, c'est trop !".
Le préfet s'était alors rendu à une "réunion de concertation" avant d'intervenir lors du Conseil municipal le soir. Celui-ci "tenait à répondre aux interrogations des élus et des administrés et à expliquer qu'un Centre d'accueil et d'orientation (CAO) est une structure à vocation éphémère", précise la préfecture, qui parle d'une durée de neuf mois. Ce CAO sera situé dans les locaux du centre de pleine nature des Lutins cévenols et sera géré par l'association SOS Solidarités. Aucune date n'a été fixée pour leur arrivée, prévue "dans quelques semaines".