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Hollande, la fin d'un règne


Pour de nombreux politologues, François Hollande serait déjà à l'état « fin de règne », état reconnaissable à nombreux critères, applicables à des fins de siècle précédentes.

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En effet, si l'on observe d'autres fins de règne récentes, on découvre quelques similitudes que se partagent nos ex présidents de la république.

Pour Charles de Gaulle, ce sont les évènements de mai qui en ont été annonciateurs, lorsqu'il quitte la France, un certain 26 mai 1968, en catimini, sans même prévenir son premier ministre, ni dire où il va, et lorsque quelque temps après il revient au pays, sa crédibilité était largement entamée.

Le référendum qu'il lancera plus tard sur le thème de la régionalisation, engageant sa responsabilité, afin de reprendre la main, scellera son sort.

La fin de règne de Mitterrand est d'une autre nature, et s'il a beaucoup déçu après 1981, la cohabitation l'avait remis en selle, avant que des problèmes de santé ne le rattrape, cependant, ce n'est pas inutile de rappeler les propos qu'avait tenu son épouse à son sujet : « pourquoi, maintenant que tu en as le pouvoir ne fais-tu pas ce que tu avais promis ? il me répondait qu'il n'avait pas le pouvoir d'affronter la Banque Mondiale, le capitalisme, le néo-libéralisme. Qu'il avait gagné un gouvernement mais non pas le pouvoir. (...) en France on élit et les élus font des lois qu'ils n'ont jamais proposées, et dont nous n'avons jamais voulu ».

Pourtant, en Islande, 9 banquiers ont été jetés en prison, cumulant 46 ans de prison.

Sur le thème de « la fin de règne », il fallait écouter l'émission de « France Culture » « l'Atelier du pouvoir », du 22 octobre 2016, émission à laquelle étaient invités entre autres l'historien Michel Vinock, et la journaliste Sylvie Maligorne.

Cette émission s'est permis une piqure de rappel, évoquant une déclaration ancienne de François Hollande, au sujet de Jacques Chirac, déclaration qui lui revient comme un boomerang si l'on décrypte attentivement ses propos.

Il traite en effet Chirac d'irresponsable, l'accusant, lors de la présidentielle qui l'a porté au pouvoir grâce aux voix de la gauche, de n'en avoir pas tenu compte, et surtout de ne pas avoir transformé la constitution, laquelle donne un pouvoir quasi monarchique à l'élu en le déresponsabilisant, mais qu'en a-t-il fait lui, lorsqu'en 2012, il est arrivé au pouvoir ?

En effet, c'est la personnalisation du pouvoir, faisant de lui un quasi monarque, qui le fragilise, puisque les moindres faiblesses, les moindres hésitations, sont tout de suite portées à son passif.

Globalement, s'il faut en croire les intervenants de « l'atelier du pouvoir », la fin de règne est annoncée par quelques signes avant coureurs, comme par exemple lorsque la parole présidentielle n'a plus de poids, ou lorsqu'il y a une fuite des collaborateurs, mais aussi quand les langues se délient, à l'occasion de publication de livres, ou sur un média écrit, parlé, télévisé, ces mêmes médias qui semblent avoir déjà la « tête ailleurs », cherchant déjà un possible successeur.

Pour Michel Vinock et Sylvie Maligorne, il y a une évidence : le raccourcissement du mandat, la réaction quasi instantanée des réseaux sociaux, font que la moindre erreur se paye cash, et sur le fond, si la première année de mandat est ratée, elle annonce déjà en filigranes la « fin de règne » assurent-ils.

Reprenons en détail les critères qui annoncent la fin de règne...

Fuite des conseillers ?

C'est déjà le cas depuis quelques mois, et elle se poursuit drastiquement ces derniers jours, avec le départ récent du chef de cabinet, Isabelle Sima, laquelle sera la 12ème à quitter le navire depuis le début de l'année.

Selon Alba Ventura, éditorialiste à RTL, ils sont au moins 48 à avoir déjà fait leurs cartons.

Et personne n'a oublié le départ surprise d'Emmanuel Macron, lequel de toute évidence pourrait être candidat à la présidentielle en 2017.

Des langues qui se délient ?

les livres à charge se sont succédés : du cruel « merci pour ce moment  » de son « ex », dans lequel on découvrait l'ignoble expression qu'utilisait Hollande pour ses concitoyens les moins bien lotis « les sans-dents », aux « murmures à la jeunesse  » de Christiane Taubira, vilipendant la déchéance de nationalité, en passant par « ils ont tué la gauche  » de Pierre Jacquemain, ancienne plume de Myriam El Khomri, lequel dénonçait la politique libérale et droitière du gouvernement, sans oublier le petit dernier, dans lequel Hollande s'est tiré une balle dans le pied, en livrant ses états d'âme.

Pour revenir au livre de Valérie Trierweiler, certains passages n'ont pas fait la une des médias, et l'auraient mérité, comme par exemple l'analyse que fait l'auteure du changement de comportement de son ex-compagnon : « je ne reconnais pas le « François » que j'ai aimé passionnément dans l'homme qui traite désormais ses collaborateurs avec mépris, après m'avoir réservé le même traitement. Je l'ai vu se déshumaniser jour après jour (...) se prendre pour un seigneur. »

Quant à son 1er ministre, il donne l'illusion d'être derrière le chef de l'état, affirmant contre toute attente : « la gauche peut gagner la présidentielle si elle défend son bilan ! Ça suffit d'être déprimé, d'être honteux »...mais on devine que derrière cette posture, il est déjà prêt à « y aller », si Hollande ne se présente finalement pas en 2017.

Il faut revoir la tribune insolente de Stéphane Guillon qui, dans « salut les terriens », tacle en quelques secondes Valls de la plus belle des manières.

Le 22 octobre, Valls en a remis une couche, annonçant une possible pulvérisation du PS si tous ceux qui ont pris leur distance avec le socialisme hollandais ne reviennent pas dans le giron du parti, sauf que ce l'on peut lire entre les lignes, c'est que le rassemblement qu'il appelle de ses vœux, c'est surtout derrière lui, comme s'il avait déjà acté le renoncement de François Hollande pour 2017.

C'est encore plus clair dans « Le Point » du 20 octobre, dans l'article publié par Charlotte Chaffanjon et Emmanuel Berreta qui se sont penché sur la question « Valls ».

Un appel à soutenir la candidature Hollande avait été lancé il y a peu, et suite à la publication du « un président ne devrait pas dire ça  », des « vallsistes » dont le sénateur Luc Carvounas, refusent maintenant de signer cet appel.

Ce dernier a carrément déclaré : « on nous demande d'aller au combat pour lui dans les prochaines semaines, mais à déblatérer sur tout et tout le monde, c'est devenu indéfendable ».

Pourtant aujourd'hui, certains commencent déjà à affirmer que Manuel Valls aurait déjà entamé sa propre « fin de règne », avant même de l'avoir commencé, le président l'entrainant dans sa chute...et Emmanuel Macron, s'il se présente, lui enlevant toute chance de l'emporter en le ringardisant... Valls prendra-t-il le risque d'une défaite annoncée en 2017...ou voudra-t-il garder ses chances pour 2022 ? L'avenir nous le dira.

En attendant, à l'Elysée, l'orchestre continue de jouer sur un Titanic qui coule...

Quant à la droite, et à l'extrême droite, la fin de règne n'a-t-elle pas déjà sonné pour quelques uns, soit parce qu'ils ont plus un passé, parfois judiciaire, qu'un avenir, soit parce leur tour n'est pas encore venu.

Et quid de Jean Marie Le Pen, dont la fin de règne évidente n'empêchera pas pour autant qu'il se présente au poste suprême, si sa descendante refuse de le réintégrer dans le parti dont il est créateur ?