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Marine Le Pen : la rose bleue, les petits fours et la nièce effrontée


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Inaugurant ce matin son QG de campagne, Marine Le Pen a dévoilé son nouvel emblème, une rose bleue. Foule, et petits fours, la com' était presque parfaite. Sauf qu'il manquait au bouquet, un bourgeon : Marion Maréchal-Le Pen, l'effrontée.

Submergée par la nuée de caméras, Marine Le Pen se pique de botanique "le symbole de la rose bleue, certains peuvent y voir la rose des socialistes et le bleu des Républicains". Cela lui convient très bien : elle a fait du "ni droite-ni gauche" sa stratégie génétiquement modifiée. Un attrape-tout électoral pour attirer des voix au-delà du socle du Front national. Sur son affiche de campagne pour 2017, ni flamme, ni bleu-blanc-rouge, ni Le Pen. Les bijoux de famille sont renvoyés au passé, au profit d'une rose bleue qui vient souligner son prénom et son ambition "Marine Présidente".
La rose

La testostérone de Jean-Marie, exclu du parti qu'il a fondé, n'est plus du tout tendance. Elle est "libre" Marine, "délepénisée", dit son beau-frère Philippe Olivier, ajoutant "la rose, c'est aussi la féminité". Amincie, relookée, Marine Le Pen invite, en hôtesse enjouée, à faire le tour de son nouveau QG de campagne, situé rue du Faubourg-Saint-Honoré dans le bon chic bon genre 8e arrondissement de Paris. Univers blanc et rideaux gris, réchauffé ici ou là par des panneaux de bois. Le QG, baptisé "l'Escale", ne déparerait pas dans les pages d'un magazine de décoration.

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"L'Escale" ? Il faut comprendre : sur la route qui conduit au Palais de l'Elysée, distant de 1,5 kilomètre dans la rue du Faubourg-Saint-Honoré. On fait de la com' ou n'en fait pas ! Les métaphores, chez les Le Pen, se filent sur le mode maritime. Il y eut "le Paquebot" pour la demeure de Montretout, puis "le Carré" pour le siège du FN à Nanterre, "A contre-flots" pour la biographie écrite par Marine Le Pen et maintenant "l'Escale". Mais en ce jour d'inauguration, tout le monde n'en a que pour "la rose bleue".

Rose, c'est bleu.

Difficile d'y échapper, les murs sont décorés de montages photo. En grand, l'inspecteur Harry dégaine une fleur bleue et comme Clint Eastwood a soutenu Donald Trump, il ne va pas protester contre ce détournement. Pas plus que Brigitte Bardot qui tient la "rose bleue" entre ses lèvres boudeuses - l'amie des bêtes est une vieille supportrice du Front national. Même les tontons flingueurs ont été mis à contribution...

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Les haut-gradés du Front national, de Florian Philippot à Steeve Briois, de David Rachline à Bruno Bilde, se sont tous mis à la botanique. Avec plus ou moins de succès. Rachline, directeur de campagne, est flottant sur la légende qui voudrait que la fleur soit le symbole que "rien n'est impossible". Bruno Gollnisch s'excuserait presque de ne pas en avoir dans son jardin - "chez moi, j'en ai des orange, des rouges, des roses". L'eurodéputé peut se rassurer. "Actuellement, malgré les manipulations génétiques", lit-on sur le site Le Jardingues, "la vraie rose bleue est un rêve". Il se rattrape : "Les roses socialistes sont fanées, il n'en reste plus que les gratte-culs... Regardez dans le dictionnaire, c'est bien ça les gratte-culs."

Cela faisait un moment qu'on n'avait plus entendu tonner la voix de l'ami de Jean-Marie Le Pen au Front national. "Oui, je sais, je suis le dernier des Mohicans, le représentant des vieux cons, fachos et réac", répond-il quand on s'étonne de le trouver dans le Comité Stratégique de campagne dont la composition a été dévoilée. Dans cette instance, Philippe Olivier est un autre revenant. "Je n'étais pas fâché avec Marine", explique l'époux de Marie-Caroline Le Pen. Il avait juste un peu coupé les ponts. Il est aujourd'hui de ceux qui conseillent la candidate et travaille dans le pôle Idées-Image de la campagne. "J'ai toujours plaidé et travaillé pour la rénovation du Front national", dit-il. Celle-ci est, à ses yeux, accomplie. Ainsi Marine Le Pen réunit-elle les deux extrémités de sa famille politique.

La rose.

Tous ensemble ? Pas tout à fait. Cette nouvelle "rose bleue" a une longue tige, débarrassée de toutes ses épines. Pourtant il en reste une dans le talon de Marine Le Pen : sa nièce Marion Maréchal-Le Pen. Son nom figure bien dans le Comité Stratégique mais en ce jour de lancement de campagne, elle n'est pas là. Quelle rosse. Une absence remarquée et, quoi qu'en disent les frontistes, pas tout à fait innocente. "Elle est à Moscou pour un déplacement prévu depuis au moins quatre mois", explique en langue de bois David Rachline. Son absence, interroge un journaliste, "aurait mis en rage" sa tante ? "La rage, ce n'est pas du tout dans le tempérament de Marine Le Pen", réplique le directeur de campagne avant de filer vers un autre micro qui se tend.

Pourtant, Marion Maréchal-Le Pen, toute à son ambition, vit sa vie et n'entend pas être la subordonnée de quiconque. Même de sa tante. Fondamentalement, libérale sur les sujets économiques et réac sur les sujets de société, elle ne partage pas la ligne de Marine Le Pen et de Florian Philippot, trop "à gauche" à ses yeux. Certains auraient bien vu la nièce en porte-parole de la candidate. Elle en a repoussé l'idée, arguant de sa charge de travail à l'Assemblée nationale et à la région Paca.

Comme elle ne pouvait pas se situer totalement en dehors de l'équipe présidentielle, sauf à prendre le risque d'être accusée de jouer en contre, il a fallu trouver un arrangement. "Marion c'est un gros plus dans la campagne de Marine", confie un cadre du FN. Son nom figure donc dans la liste du Comité Stratégique et la présidente-candidate lui a confié l'élaboration d'un rapport et de propositions sur les Institutions. Un sujet en terrain neutre. Marine Le Pen garde un œil sur l'effrontée. Elle a déjà dû lui interdire de se rendre dans "l'Emission Politique", sur France 2. Que sa nièce aille faire ses commentaires sur les chaînes d'information en continu. Marine Le Pen se réserve, elle, les émissions phares. Pas question qu'une starlette fasse de l'ombre à la star FN.