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A quand des contenus pornographiques interdits aux moins de 10 ans ?


Selon une étude réalisée par les laboratoires de la société Bitdefender, les enfants de moins de 10 ans représentent 10 % des visiteurs de sites pornographiques dans le monde. Les pouvoirs publics, en France notamment, continuent de jouer la carte du silence.


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Bitdefender, une société de production d'antivirus qui dispose de son propre laboratoire d'analyse des comportements des internautes, vient de publier une étude établissant que les enfants de moins de 10 ans représentent 10 % des visiteurs de sites pornographies dans le monde. Rien que ça. Et parmi les mineurs qui consultent ces plateformes « pour adultes » - qu'ils soient mariés ou portent la soutane -, 22 % auraient moins de 10 ans, 36 % entre 10 et 14 ans et 42 % entre 15 et 18 ans.

Streaming et contenus pornographiques

Ces chiffres ne sont pas sans rappeler les résultats d'un sondage, réalisé par OpinionWay en décembre dernier, qui démontraient de manière accablante la facilité avec laquelle les enfants peuvent tomber sur des contenus indésirables, poussés par la malveillance des industriels du secteur, et avec l'inaction quasiment totale des pouvoirs publics. Evidemment, inutile de se voiler la face : certains mineurs cherchent à accéder à ces sites pornographiques. Mais pour l'écrasante majorité d'entre eux, presque 80 %, cette rencontre a été le fruit du hasard.

Un hasard plus ou moins orchestré par les sites de vidéos en ligne, notamment les plateformes de streaming et de live streaming. La première cause de visionnage involontaire de contenus pornographiques est en effet due aux « pop-up » dont regorgent ces sites. L'exposition involontaire serait ainsi causée dans 52 % des cas par ces fenêtres intempestives, dans un tiers des cas par des spams ou des messages reçus sur les réseaux sociaux, et dans 19 % des cas par la recherche de mots-clés erronés. Le sondage OpinionWay, réalisé pour l'association de lutte contre la pornographie en ligne Ennocence, révèle d'ailleurs que 70 % des personnes interrogées considèrent que les sites de streaming et de téléchargement illégaux représentent un danger pour leurs enfants.

Silence public

Or le risque sanitaire et social d'une exposition non désirée à des contenus violents est réel. Les parents en ont bien conscience. 77 % des personnes interrogées craignent que l'exposition à des contenus violents ou pornographiques n'aient des conséquences sur l'équilibre psychologique de leurs enfants. On retrouve les mêmes craintes du côté des professionnels de santé, qui mettent en garde contre les effets non seulement à court terme (troubles du sommeil, de l'alimentation, cauchemars...) mais aussi à long terme. Les images pornographiques peuvent notamment mener à une dégradation de l'image de soi ou des autres, en particulier des femmes.

Après quoi s'ensuit en général un sentiment de culpabilité, voire de honte. 66 % des parents interrogés indiquent que leurs enfants ne leur ont jamais parlé d'images à caractère pornographiques qu'ils auraient vues en ligne, alors que les chiffres indiquent qu'une part substantiellement supérieure de leurs enfants ont déjà visionné des contenus classés X.

Quel rôle l'Etat doit-il jouer dans la régulation des contenus violents sur le net ? Le sondage OpinionWay précité indique une forte demande des citoyens de voir les autorités agir pour renforcer les contrôles sur Internet. 75 % des sondés affirment en effet que l'Etat devrait en faire davantage pour lutter contre les images auxquelles les enfants peuvent être exposés sur les sites de streaming ou de téléchargement illégaux. Décidément muets sur la question, les pouvoirs publics ont pourtant leur mot à dire sur ce phénomène qui est voué à devenir une vraie question de santé publique.