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AIX-LES-BAINS Condamnée à vivre dans une cage de Faraday


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Maryline Liatard avait une vie bien remplie, pleine de projets. Mais il y a un mois, elle a déclenché une électrosensibilité aux ondes et champs électromagnétiques. Depuis la tente métallique sous laquelle elle vit désormais recluse, l'Aixoise témoigne de sa chute aux enfers et ses tentatives de reconstruction.

Quand elle a ressenti une étrange douleur à l'oreille, comme une brûlure, Maryline Liatard a tout simplement changé de côté pour utiliser son téléphone portable. C'était il y a un mois. Une éternité. Une vie antérieure pleine de projets, d'activités et de déplacements en tous genres. Mariée à André Liatard, conservateur du musée Faure d'Aix-les-Bains, elle l'accompagnait souvent à Paris pour assister à des vernissages d'expositions. Mais il y a quelques semaines à peine, elle a cru mourir dans le train du retour. « Ma tête s'est mise à serrer, comme prise dans un étau. Mon oreille me brûlait comme jamais, ma respiration est devenue saccadée. J'avais envie de vomir, sans comprendre ce qui m'arrivait. Et puis j'ai regardé autour de moi et l'évidence m'a sauté aux yeux : toutes les personnes qui m'entouraient étaient connectées : tablettes, téléphones et ordinateurs portables... C'est comme si je voyais toutes ces ondes m'assaillir, me déchirer les tympans. Je suis descendue à la gare d'Aix-les-Bains en loque ».

Depuis, Maryline ne quitte plus sa cage de Faraday : un lit à baldaquin conçu sur mesure à grands frais, en fil d'argent. Une situation qui n'a rien d'un romantique conte de princesse... Ce tissu métallique est son dernier rempart contre les ondes électromagnétiques qui lui pourrissent la vie. Et la santé. « J'ai consulté un spécialiste en Suisse, car en France, les malades électrosensibles ne sont pas reconnus. On considère qu'ils sont juste dépressifs » rage-t-elle. Maryline Liatard assure, elle, qu'elle risque une destruction du système nerveux. « J'ai subi de nombreux soins dentaires, qui m'ont empli le corps de résidus de métaux lourds, comme le mercure. Je fonctionne, du coup, comme un conducteur d'ondes. C'est horrible » décrit cette femme autrefois pétillante et qui n'est plus que l'ombre d'elle-même.

« J'en veux à cette société hyperconnectée qui ne se rend pas compte du mal qu'elle est en train d'engendrer... »

« Je porte en permanence un chapeau en fil d'argent. Je ne peux plus aller faire mes courses, trop de gens autour de moi sont porteurs de téléphones portables. Les promenades au bord du lac du Bourget, que j'adorais, me sont interdites. Il y a des antennes relais de partout. Et même au sein de mon propre appartement, la vie est insupportable. Mes voisins ont le wifi connecté en permanence. Je ne dors plus en raison des douleurs permanentes que cela m'occasionne ». Le couple a dû déménager dans l'urgence, au fin fond du massif des Bauges, dans un lieu si reculé que les ondes passent très mal. Une sorte de “zone blanche”, ces espaces préservés des champs électromagnétiques dont les électrosensibles réclament la création à cor et à cri en France.

Maryline vient d'attaquer une chélation, véritable cure de détoxication pour se débarrasser des métaux lourds. Un traitement qui l'épuise.

« J'en veux à cette société hyperconnectée qui ne se rend pas compte du mal qu'elle est en train d'engendrer. J'ai le sentiment d'avoir été privée de mes libertés fondamentales. Je souffre, je ne peux plus travailler, je ne vois plus personne... » lâche-t-elle d'une voix lasse. « Moi, je sais ce qui m'arrive. J'ai les moyens de consulter en Suisse, j'ai pu déménager. Mais je pense à tous ces gens qui vivent la même chose que moi sans savoir d'où ça vient. Ils doivent croire qu'ils sont devenus fous... »

De fait, selon ceux qui militent pour la reconnaissance de cette pathologie, personne ne serait à l'abri d'une affection qui commence, en général, par une simple gêne au quotidien dans certains lieux, pour évoluer, souvent, vers une impossibilité de vivre normalement dans la société. La prédisposition physiologique génétique est très variable. Le stress serait un facteur aggravant, voire déclencheur.

Selon des données collectées par le Centre de recherche et d'information indépendantes sur les rayonnements électromagnétiques (CRIIREM), la tendance extrapolée indique que 50 % de la population est susceptible de devenir électrosensible d'ici à 2017. Des chiffres invérifiables...