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La brève histoire des Templiers


Les Archives secrètes du Vatican ont publié en octobre 2007 « Processus contra Templarios », qui reprend en fac-similé l'ensemble des actes du procès des Templiers. L'ouvrage, luxueux, inclut des reproductions du « Parchemin de Chinon », qui montre que le pape Clément V avait, en 1308, absous les responsables de l'ordre. Qui étaient les Templiers ? Pourquoi ont-ils été jugés ?

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Quelle est l'origine des Templiers ?


En 1095, le pape Urbain II déclenche la première croisade pour la reconquête de Jérusalem. En 1099, les croisés prennent la Ville sainte. En 1118, Hugues de Payns regroupe ses compagnons croisés dans la confrérie des «Pauvres Chevaliers du Christ », qui se donne pour mission d'assurer la sécurité des routes et la défense des pèlerins. Le roi de Jérusalem Baudoin II leur octroie sa résidence installée dans la mosquée Al-Aqsa, construite sur l'ancien temple de Salomon. La confrérie devient alors l'ordre des Chevaliers du Temple. Sa règle, rédigée avec l'aide de saint Bernard et inspirée de la Règle de saint Benoît, reçoit en 1129 l'agrément du pape.
Comme tous les moines, les Templiers font vœux de chasteté, de pauvreté et d'obéissance. Saint Bernard rédige aussi un Éloge de la nouvelle chevalerie , dans lequel il souligne l'originalité de l'ordre, définit sa mission et justifie les moyens violents auxquels, à condition que la guerre soit « juste », ces moines pourraient recourir. En 1139, le pape lui accorde des privilèges : les Templiers relèvent directement de son autorité, peuvent avoir leurs propres prêtres et leurs églises, et sont exonérés du paiement des dîmes. Dès lors, l'ordre s'étend en Terre sainte et en Europe, où les commanderies templières sont de vastes exploitations agricoles dotées d'une chapelle. Elles expédient récoltes et bétail vers l'Orient, pour permettre à l'ordre d'y assumer sa mission. Grâce à ce système, durant près de deux siècles, les Templiers présents en Terre sainte - dont les effectifs se renouvellent constamment, qui ont appris à connaître leurs ennemis et le terrain sur lequel ils évoluent - vont représenter pour les États latins d'Orient une force militaire et politique souvent décisive.

Comment était organisé l'ordre ?


À sa tête se trouve le maître de l'ordre, désigné à vie, résidant à Jérusalem (voir infographie) . Il a à peu près les mêmes fonctions qu'un abbé dans les ordres monastiques classiques. Il s'appuie, pour les décisions importantes, sur le chapitre des chevaliers et est assisté, sur le plan militaire, par un maréchal. Chaque province (France, Angleterre, Poitou, Provence, Aragon, Portugal, Pouille, Hongrie) a à sa tête un maître ou commandeur. À l'image de la société féodale, fondée sur la distinction des trois fonctions (prière, travail, combat), les Templiers recrutent à trois niveaux: les «chapelains» forment le clergé des Templiers, les « sergents sans armes » ou « frères de métier » accomplissent les tâches de la vie quotidienne. Quant aux chevaliers, assistés d'écuyers et de frères sergents, ils sont les seuls à remplir la fonction première de l'ordre : protéger les pèlerins et combattre les musulmans ; leur habit - de combat ou de chœur - est blanc, alors que celui des autres Templiers est noir ou brun. Une croix vermeille est cousue dessus, au niveau du cœur ou sur l'épaule. Tant qu'ils sont en Europe, ces moines chevaliers sont essentiellement des moines qui, assistés de paysans, mettent en valeur les terres.

Pourquoi l'ordre du Temple a-t-il brutalement disparu ?


La chute de Saint-Jean-d'Acre, en 1291, marque la fin de la présence chrétienne en Terre sainte et de la vocation des Templiers à protéger les pèlerins. Massacrés presque jusqu'aux derniers, repliés à Chypre, ils restent cependant nombreux en Occident. Mais l'ordre y est devenu impopulaire. On lui reproche les avantages octroyés par le pape, les donations qu'il reçoit et son activité financière. Si, individuellement, les Templiers ne sont pas riches, beaucoup d'argent est en effet passé entre les mains de l'ordre, dépositaire du trésor royal et qui assurait les transferts d'hommes et de fonds de l'Occident vers l'Orient. Sont également dénoncés son orgueil, son échec en Terre sainte, sa rivalité avec les Hospitaliers (ordre avec lequel il refuse de fusionner).
À partir de 1305, de graves rumeurs vont s'ajouter à ces critiques. L'ordre est accusé d'hérésie, d'outrage à la personne du Christ, d'idolâtrie, de rites obscènes. Le 13 octobre 1307, Philippe le Bel, connu pour sa piété et encouragé par ses conseillers, fait arrêter les Templiers et saisir leurs biens. Tout sera fait dès lors pour obtenir leurs aveux et condamner l'ordre comme corrompu, perverti, hérétique et affilié secrètement à l'islam. Mis devant le fait accompli par le roi de France, le pape Clément V tente à plusieurs reprises de reprendre l'affaire en main. En vain. En 1312, lors du concile qu'il a réuni à Vienne en Dauphiné, il dissout l'ordre sans prononcer de condamnation et attribue ses biens en France aux Hospitaliers. Le 18 mars 1314, le maître de l'ordre Jacques de Molay, qui avait d'abord avoué et était condamné à la prison à vie, proteste de son innocence et de celle de l'ordre devant trois cardinaux, proches de Philippe le Bel, délégués par le pape. Geoffroy de Charnay, un dignitaire de l'ordre, agit de même. Ils sont aussitôt déclarés « relaps » et condamnés à mourir sur le bûcher. Ce n'est qu'au XVIe siècle que sera mentionnée une prétendue malédiction jetée par Molay contre le roi et le pape, qui moururent tous deux en 1314.

Les Templiers étaient-ils coupables ?

L'accusation d'hérésie était infondée. Mais, comme dans toute collectivité, il existait des comportements individuels déviants et des traditions parfois malsaines. Cependant, pour nombre d'historiens, les motivations du roi de France sont ailleurs. Philippe le Bel est le dernier des Capétiens; la souveraineté de l'État commence à s'affirmer. Pour lui, une institution indépendante et internationale de 15 000 hommes est une menace. Alain Demurger, auteur de Vie et mort de l'ordre du Temple (Seuil), rappelle que le procès des Templiers s'inscrit dans le contexte du conflit avec le pape Boniface VIII, qui avait affirmé la supériorité du pouvoir pontifical sur le pouvoir temporel. En France, de nombreux Templiers sont morts en prison, de vieillesse ou de mauvais traitements. Une centaine ont péri sur le bûcher. Ailleurs, ils n'ont pas été inquiétés ou ont été innocentés.

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Deux autres ordres concurrents


En 1099, après que les croisés ont repris Jérusalem aux musulmans, ils sont très peu nombreux à rester pour assurer la sécurité et la stabilité du royaume chrétien d'Orient. Avec d'autres ordres religieux, les Templiers

constitueront l'épine dorsale des forces armées chrétiennes : une structure militaire permanente, composée de guerriers motivés, bien armés, bien entraînés et disciplinés, qui assisteront les armées et encadreront les croisés venus d'Occident. Deux ordres vont concurrencer les Templiers : les Hospitaliers et les Chevaliers Teutoniques.

> L'ordre des Hospitaliers


Fondé en 1113 pour protéger et soigner les pèlerins, reconnu par le pape en 1120, il devient en 1137 un ordre guerrier rival des Templiers. Après la chute de Saint-Jean-d'Acre en 1291, l'ordre se replie à Chypre puis sur l'île de Rhodes, d'où il continue à combattre les musulmans. Chassés en 1522 par les Ottomans, les Hospitaliers trouvent refuge à Malte. L'histoire de leur ordre s'achève en 1798, avec la prise de l'île par Bonaparte. L'ordre de Malte actuel, reconstitué en 1830, est devenu une organisation caritative.

> L'ordre des Chevaliers Teutoniques


Fondé par des croisés germaniques, il se mue en 1198 en ordre guerrier. Au XIII e siècle, il acquiert d'importants domaines en Terre sainte, en Méditerranée, et surtout en Allemagne. Après son départ de Palestine, il s'engage en Hongrie, puis dans les régions baltiques, dans une guerre de conquête et de conversion des peuples païens. En 1226, l'empereur Frédéric lui accorde d'avance la pleine possession des territoires gagnés par les armes. La Prusse devient ainsi un État teutonique indépendant. En 1525, le grand maître sécularise les biens de l'ordre, tandis que la majorité des chevaliers se convertit à la Réforme. L'ordre est supprimé en Allemagne par Napoléon en 1809, mais subsiste en Autriche où il se consacre aux œuvres charitables.