L'Assemblée nationale a donné jeudi son feu vert, en première lecture, à la ratification de l'accord entre la France et l'Italie pour lancer les travaux définitifs de la nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin.Si le Parlement valide définitivement, le lancement du chantier interviendra en 2018.
Censé lever les derniers obstacles à un colossal chantier de douze ans, l'accord franco-italien a été signé en février 2015, puis complété en mars 2016 par Matteo Renzi et François Hollande.
Si l'accord est validé par le Parlement français, les appels d'offres pour les marchés de travaux seront lancés en 2017 pour un lancement des chantiers en 2018. Soutenu par les deux pays, par la ville de Lyon et, jusqu'à récemment par Turin, ce projet est contesté depuis des années par des écologistes, tant côté italien que français. La chambre des députés italienne a approuvé le même document mardi, après le Sénat italien le 16 novembre.
Les partisans du projet, qui combine fret et transport de voyageurs, assurent qu'il permettra de réduire sensiblement le temps de trajet Paris-Milan, de contribuer à effacer la barrière alpine, et surtout de transférer l'équivalent d'un million de poids lourds de la route vers le rail, évitant ainsi l'émission de trois millions de tonnes de CO2 par an.
Un tunnel international de 57 km constituera l'ouvrage majeur de la ligne, entre Saint-Jean-de-Maurienne (en France) et Suse (en Italie). Ce projet ferroviaire constitue un élément clé du corridor transeuropéen méditerranéen reliant la péninsule ibérique à l'Europe centrale et orientale, plaident aussi ses défenseurs.
Le coût total de cette "autoroute ferroviaire", dont la mise en service est prévue vers 2030, est estimé à quelque 26 milliards d'euros, dont 8,6 milliards pour le seul tunnel. Il sera partagé par l'Union européenne et les deux pays.
"Au moment où l'Union européenne fait face au choc de la sortie du Royaume-Uni, la liaison Lyon-Turin démontre que l'Europe agit concrètement pour ses citoyens", a considéré le rapporteur Michel Destot (PS), député de l'Isère, en commission. Le coût final pourrait s'établir pour la France à 2,46 milliards d'euros courants, selon l'étude d'impact du gouvernement.
"L'Etat a confirmé son engagement ferme sur ce projet, dont les dotations pour 2017 sont inscrites en loi de finances" et "seront complétées par les ressources issues du Fonds de développement d'une politique intermodale des transports dans le massif alpin", alimenté par les résultats des tunnels routiers du Mont-Blanc et du Fréjus, selon le rapporteur.
Mardi, une dizaine d'associations de défense de l'environnement avaient appelé les députés à ne pas voter ce projet de loi et à privilégier les infrastructures
existantes et "sous-utilisées. Le syndicat Sud Rail estime pour sa part que "le gouvernement n' a aucun scrupule pour passer en force pour valider le démarrage d'un projet inutile à près de 30 milliards et de surcroît offert au privé"