Le «non» des Italiens à la réforme constitutionnelle et la démission de Matteo Renzi recèle pour les Vingt-Sept un danger beaucoup plus sérieux que le Brexit, estime un analyste américain.
Le référendum italien est-il une bombe à retardement pour l'Union européenne ? Les conséquences du scrutin ne sont pas encore évidentes, mais comme l'estime Gideon Rachman, chef de la rubrique Affaires étrangères du Financial Times, elles risquent à l'avenir d'être beaucoup plus lourdes que celles du Brexit.
« Le Brexit et le référendum italien sont deux volets d'une même histoire », estime M. Rachman.
« L'UE est à ce jour soumise à des tensions sans précédent, et le Brexit en est la preuve flagrante. La crise italienne qui prend de l'envergure risque au final de créer une menace gravissime pour l'existence de l'UE. Il y a pour cela des raisons politiques, économiques et même géographiques », poursuit-il.
Comme le fait remarquer l'analyste, l'Italie, à la différence du Royaume-Uni, a été un des pays fondateurs de l'UE et l'a toujours activement soutenue. Or, les crises économique et migratoire ont sérieusement influencé l'attitude des Italiens envers l'UE. Depuis 2008, le pays a perdu un quart de sa production industrielle alors que le chômage parmi les jeunes s'est approché de 40 %. Dans un tel contexte, il n'est pas étonnant qu'un nombre croissant d'Italiens estiment considèrent l'euro comme destructeur pour le pays.
D'autant plus que de nombreux économistes partagent ce point de vue, indique le journal.
On ne peut exclure que M. Renzi soit un des derniers premier ministres à mener une politique traditionnellement pro-européenne. Le Mouvement 5 Etoiles, principal parti de l'opposition qui a remporté le scrutin, exige l'indépendance face à Bruxelles et se dit opposé aux élites politiques, note M. Rachman.
Il convient d'ailleurs de noter qu'à la différence de la Grande-Bretagne, l'Italie fait partie de la zone euro. De fait, le Brexit, aussi douloureux et complexe qu'il soit, ne menace pas directement l'existence de l'euro et ne met pas en péril toute l'économie européenne. Une telle perspective n'est pourtant pas à exclure si l'Italie quitte l'UE. Ce scénario risque en outre de déboucher sur l'effondrement du système bancaire et de mettre en doute la solvabilité de Rome, estime le média.
Le premier ministre italien Matteo Renzi a annoncé lundi matin sa démission après le rejet massif de sa réforme constitutionnelle qui prévoyait une réduction drastique des pouvoirs du Sénat, une limitation des prérogatives des régions et la suppression des provinces, l'équivalent des départements français.
Une large majorité de la classe politique italienne, de la droite classique aux populistes du Mouvement 5 Etoiles (M5S) ou de la Ligue du Nord, en passant par tous les extrêmes et même des « frondeurs » du Parti démocrate (PD) de M. Renzi, avait appelé à voter « non », en dénonçant une trop forte concentration des pouvoirs dans les mains du chef du gouvernement.