La Russie a déposé vendredi au Conseil de sécurité de l'Onu un projet de résolution visant à étendre à l'Irak le travail de la commission d'enquête internationale sur l'utilisation d'armes chimiques en Syrie et à empêcher l'accès des terroristes aux substances chimiques au Proche-Orient.
Rejeté il y a un an, le projet de résolution russo-chinoise sur les armes chimiques revêt une nouvelle actualité à la lumière des événements survenus à Mossoul. À cet égard, lors des consultations sur la situation à Mossoul initiées par Moscou et tenues vendredi à huis clos au Conseil de sécurité de l'Onu, la Russie et la Chine ont à nouveau présenté leur projet conjoint de résolution dénonçant les dangers de l'utilisation des armes chimiques par les terroristes, a annoncé l'ambassadeur adjoint de la Russie au Conseil de sécurité Vladimir Safronkov.
« Afin de réunir le Conseil de sécurité pour relever les défis liés à l'utilisation des armes chimiques par les terroristes et les groupes non gouvernementaux, nous avons distribué à nouveau, avec la Chine, le même projet de résolution qu'il y a un an », a-t-il indiqué.
Le document en question a été présenté au Conseil de sécurité au printemps dernier, cependant il a été rejeté par les pays occidentaux au sein du Conseil.
Selon M. Safronkov, les récentes attaques à l'arme chimique perpétrées par Daech à Mossoul prouvent que la situation au Proche-Orient se dégrade et que le projet n'a pas perdu son actualité, d'où la nécessité d'agir.
« La position adoptée par plusieurs capitales occidentales, selon laquelle les armes chimiques auraient été utilisées uniquement par le régime de Damas, ne permet pas de se concentrer sur les défis réels, alors que les terroristes se dotent de tous les moyens possibles pour organiser la production et l'utilisation ultérieure d'armes chimiques », a-t-il poursuivi.
Le nouveau projet propose d'étendre à l'Irak le travail de la commission d'enquête internationale sur l'utilisation d'armes chimiques en Syrie, explique M. Safronkov. Ce dernier ajoute que l'initiative « ne va pas à l'encontre des intérêts de l'Irak », ce que la Russie « ne cesse d'expliquer » à ses « amis irakiens ».
« Ceci est destiné à aider le gouvernement irakien à répondre de façon efficace à ce défi », a-t-il précisé.
Selon l'ambassadeur britannique à l'Onu, Matthew Rycroft, qui présidait les débats, lors de cette discussion, le Conseil de sécurité s'est dit « unanimement inquiet » des récentes informations sur l'utilisation d'armes chimiques par Daech et a souligné attendre avec impatience « les résultats de l'enquête irakienne » sur ce dossier.
Aucune décision sur ce texte n'a été prise vendredi, mais l'ambassadeur britannique a s'est déjà prononcé contre le document, faisant valoir « de nombreuses différences entre les situations en Syrie et en Irak ».
L'ambassadeur britannique a estimé notamment que, contrairement au gouvernement syrien, le gouvernement irakien « coopérait pleinement avec l'OIAC (Organisation pour l'interdiction des armes chimiques) et qu'il n'y avait « aucune accusation » indiquant que le gouvernement irakien aurait utilisé des armes chimiques.
Début mars, cinq enfants et deux femmes pris en charge dans un hôpital proche de Mossoul ont présenté des symptômes d'une exposition à un produit chimique toxique, selon le Comité international de la Croix-Rouge. L'OIAC a de son côté affirmé dans un communiqué que l'organisation était « profondément préoccupée » et a demandé aux autorités irakiennes davantage d'informations.