L'Office national des statistiques du Royaume-Uni est formel : un immigré sur sept en provenance des pays de l'Union européenne vivant dans le pays est sans emploi ou « inactif ». L'ONS a tenu compte de tous les ressortissants de l'UE régulièrement établis sur le sol britannique et âgés de 16 à 64 ans : sur un total de 2.733.000 migrants, 390.000 ne participent donc pas activement à l'économie. C'est la taille d'une ville comme Bristol.
Le rapport de l'Office national des statistiques ne précise pas combien d'entre eux touchent des allocations. Mais dans la mesure où ils sont enregistrés comme chômeurs, ils peuvent avoir droit à des allocations pour recherche d'emploi, des aides au logement et des allocations familiales. Parmi les « inactifs », ceux touchant des allocations pour handicapés ont été comptabilisés.
Près de 15 % des immigrés originaires de l'UE sans travail au Royaume-Uni.
Pour les partisans du Brexit, ces chiffres fournissent une preuve supplémentaire de la nécessité de geler les entrées des ressortissants de l'UE dans les îles britanniques, notamment les moins qualifiés d'entre eux. « Nous reconnaissons pleinement le bénéfice que représentent les citoyens de l'UE pour la Grande-Bretagne - et nous souhaitons maintenir l'arrivée d'un flux de travailleurs qualifiés - mais l'homme de la rue sera épouvanté d'apprendre qu'autant de citoyens de l'UE sans emploi se trouvent ici, réclamant potentiellement des aides et entrant en compétition avec lui pour obtenir des emplois », a commenté le député européen eurosceptique qui participe à la campagne « Leave Means Leave » (« partir, c'est partir »), Steven Woolfe.
Il réclame un arrêt total de l'immigration pour les travailleurs non qualifiés pendant cinq ans : « Trop de salaires ont été maintenus à un bas niveau et trop d'emplois ont été déplacés pour que cette immigration incontrôlée se poursuive. »
Si le chômage et l'activité des migrants représentent un poids pour l'économie britannique, comme le confirme cette étude officielle, celle-ci révèle également les problèmes liés à une importante présence de main-d'œuvre étrangère. Dans certains secteurs d'emploi, les citoyens originaires de l'UE représentent aujourd'hui 10 % de la totalité des employés. Les restrictions à la libre circulation des personnes qui accompagneront le Brexit ne seront pas forcément néfastes, mais exigeront pour le moins d'être correctement évaluées quant à leurs conséquences.
Inactifs ou sans travail, les immigrés UE ont droit aux allocations britanniques.
On apprend ainsi que les immigrés originaires des pays les plus riches d'Europe comme l'Allemagne, l'Italie et la France gagnent davantage, en moyenne, que les autochtones : leur salaire moyen s'élève à 12,59 livres par heure contre 11,30 livres par heure pour les sujets de Sa Majesté. En revanche, les travailleurs en provenance de l'Europe de l'Est gagnent nettement moins avec une moyenne de 8,33 livres par heure pour les Roumains et les Bulgares.
Ces derniers font moins d'heures que leurs homologues britanniques : un sur six travaille plus de quarante heures par semaines, contre un sur trois travailleurs britanniques.
Au total, la force de travail britannique compte 11 % de non-Britanniques, soit 2,2 millions de citoyens de l'UE et 1,2 million de personnes originaires des pays tiers.
Les effets du Brexit sur les travailleurs UE.
Le Royaume-Uni se prépare déjà à réduire cette « dépendance ». Pour Alp Mehmet, vice-président de Migration Watch UK, le secteur industriel et commercial doit déjà se concentrer sur l'embauche et la formation de travailleurs « domestiques » et cherchant à se « sevrer » de l'option de l'Europe de l'Est avec ses travailleurs à moindre coût.
« Les employeurs ne doivent se tourner vers les travailleurs d'outre-mer qu'en cas de réelle pénurie de talents ou de main-d'œuvre », estime-t-il : en appliquant les règles communes aux citoyens UE, le Royaume-Uni pourrait éviter 100.000 nouvelles entrées par an.
Le groupe de travailleurs migrants le plus important se trouve dans les emplois subalternes comme la vente au détail ou le nettoyage : il représente 669.000 personnes, dont 510.000 issus de l'UE.
Anne Dolhein