A l'exception d'un prêt-relais pour maintenir l'exploitation de la compagnie pendant 6 mois le temps de trouver un repreneur, le gouvernement ne veut pas renationaliser Alitalia, qui a déjà coûté 7,4 milliards d'euros aux contribuables. Les liquidités ne permettent de maintenir l'activité que pour quelques semaines.
Alitalia sera "vendue au plus offrant". Tel est le destin d'Alitalia selon le ministre italien des Transports italien Graziano Delrio. En attendant un tel scénario, Alitalia se prépare à être placé sous un régime d'administration judiciaire après le rejet de son tout dernier plan de sauvetage par ses salariés, ce qui prive la compagnie aérienne italienne de toute nouvelle aide financière indispensable à la poursuite de son activité. Malgré un accord provisoire prévoyant des réductions de postes et de salaires conclu avec les syndicats le 14 avril, Alitalia n'est pas parvenue lundi à obtenir l'aval indispensable du personnel à l'octroi d'une recapitalisation de l'entreprise par ses actionnaires actuels, Etihad Airways et les banques Intesa et Unicredit, à hauteur d'environ deux milliards d'euros.
Assemblée générale le 2 mai
Le conseil d'administration a demandé mardi à l'Etat italien la nomination d'administrateurs, chargés de trouver des repreneurs ou d'organiser la liquidation de la compagnie. Cet administrateur devra déterminer si le transporteur peut être restructuré ou doit être liquidé. La restructuration devra être faite avec célérité, soit qu'Alitalia reste une entité autonome soit qu'elle soit vendue en tout ou partie. Sinon, une procédure de liquidation sera enclenchée. Les actionnaires se prononceront sur les prochaines étapes au cours d'une assemblée générale qui se tiendra, selon deux sources proches du dossier, le 2 mai.
"La chose la plus plausible est qu'on se dirige vers une brève période d'administration extraordinaire qui pourrait se conclure en six mois avec une vente partielle ou totale des actifs d'Alitalia, ou la liquidation", a résumé le ministre du Développement économique, Carlo Calenda.
L'Etat ne veut pas renationaliser
Ce dernier exclut toute renationalisation de la compagnie italienne, estimant qu'une nouvelle injection de capitaux publics n'était pas une « option viable ». Alitalia n'est parvenue à dégager un bénéfice annuel qu'à de rares occasions durant ses 70 ans d'existence. Le transporteur, qui emploie quelque 12.500 personnes, perd au moins 500.000 euros par jour.
Le chef du gouvernement, Paolo Gentiloni, a en effet répété mercredi que "les conditions n'(étaient) pas réunies pour une nationalisation". Selon lui, la compagnie a déjà coûté 7,4 milliards d'euros aux contribuables italiens. L'opinion publique italienne est contraire à une intervention de l'Etat", a reconnu lors d'une conférence de presse Antonio Piras, un responsable du syndicat CISL (catholique).
"L'entreprise sera vendue au plus offrant (...) Mais Alitalia est affaiblie par l'issue du référendum et les concurrents ne feront pas de cadeau", a pronostiqué son collègue des Transports, Graziano Delrio, dans une interview au quotidien La Stampa.
Seule intervention publique envisagée: un prêt relais de 300 à 400 millions d'euros, si Bruxelles donne son feu vert, afin de permettre à la compagnie de continuer à voler pendant six mois, jusqu'à son éventuelle reprise, a expliqué Carlo Calenda.
Deux à trois semaines de trésorerie
Alitalia ne prévoit pour le moment aucun changement dans la gestion de ses vols. La compagnie a suffisamment de liquidités pour continuer à voler deux à trois semaines, selon Reuters. Il est à craindre qu'en raison de la défiance des clients, les réservations pour l'été chutent et par là même les rentrées de cash qui, à l'approche de l'été, sont en général très importantes. Pour rappel, cette période est clé pour les compagnies de l'hémisphère nord.
Le transporteur italien avait dit le mois dernier espérer renouer avec le bénéfice d'ici la fin 2019 en réduisant les coûts d'un milliard d'euros au cours des trois prochaines années et en réorganisant sa flotte de court et moyen-courriers.
"Une approbation (...) aurait débloqué une augmentation de capital de deux milliards d'euros, dont 900 millions d'euros d'argent frais, qui auraient servi à relancer l'entreprise", a déclaré Alitalia, ajoutant déplorer le choix des salariés qui a rendu impossible toute recapitalisation.
Les salariés ont dit à plusieurs reprises ne pas vouloir consentir d'autres sacrifices car les coûts salariaux d'Alitalia sont déjà parmi les plus bas en Europe pour une compagnie aérienne dite traditionnelle. Ils doutent également de l'objectif d'un retour à la rentabilité d'ici 2019, eu égard aux restructurations vaines faites par le passé.
Le gouvernement rêve de Lufthansa
L'espoir de trouver un repreneur est mince même si la piste « Lufthansa » est évoquée en Italie. Interrogé sur une possible vente, au moins partielle, à la compagnie allemande Lufthansa, le ministre des Transports a souligné que le gouvernement n'y était pas opposé. Carlo Calenda a estimé, lui, qu'une telle hypothèse "serait intéressante à explorer".
On voit mal pourtant Lufthansa s'engager dans une telle galère. La compagnie allemande, par la voix de son directeur financier, Ulrick Svensson, a indiqué "ne pas être clairement" sur le dossier.
Une chose est sûre, s'il existe, ce "fameux plus offrant" ne mettra pas grand chose dans la compagnie.