Après le rejet du plan de restructuration par les salariés, Alitalia ne recevra plus d'investissements d'Etihad Airways. « Nous avons fait tout notre possible », a déclaré, désabusé, James Hogan, le PDG d'Etihad Aviation Group. La compagnie italienne est désormais placée sous l'administration spéciale de trois commissaires nommés par le gouvernement. Elle reste pendant ce temps une partenaire commerciale d'Etihad.
À l'issue d'une assemblée générale des actionnaires, Alitalia a demandé le 2 mai au ministère du Développement économique de lancer la procédure « d'administration extraordinaire » prévue par la loi italienne.
Dans un communiqué, la compagnie aérienne a indiqué que son Conseil d'administration a pris cette décision à l'unanimité, en notant « la grave situation économique et financière de l'entreprise » et « l'impossibilité de trouver rapidement des solutions alternatives ».
Cette décision intervient après le rejet du dernier plan de restructuration par 67% des salariés, qui prévoyait des suppressions de postes et des baisses de salaires. Les actionnaires d'Alitalia, dont Etihad Airways et les banques UniCredit et Intesa Sanpaolo, conditionnaient le renflouement de la compagnie aérienne en difficulté à l'acceptation de ce plan.
Alitalia ayant enclenché la procédure d'administration spéciale, le gouvernement a aussitôt nommé par décret un conseil de trois commissaires, aux larges pouvoirs : Luigi Gubitosi, Enrico Laghi et Stefano Paleari auront la charge de déterminer si l'avenir de la compagnie aérienne passe par sa vente totale ou partielle, ou si elle doit être liquidée.
Pendant ce temps, Alitalia pourra geler ses paiements non stratégiques pour faire face à ses dépenses urgentes, telles que l'approvisionnement en carburant, le paiement des redevances aéroportuaires ou des salaires.
Un constat d'échec.
James Hogan, le PDG d'Etihad Aviation Group, a déclaré mardi que son groupe avait soutenu « la nécessaire décision du Conseil d'administration d'Alitalia de demander l'administration spéciale ». Après le rejet du plan de restructuration par les salariés d'Alitalia, « nous ne sommes pas prêts à continuer d'investir », a-t-il justifié.
C'est un constat d'échec. La compagnie d'Abu Dhabi s'était emparée de 49% du capital d'Alitalia en signant en août 2014 un accord prévoyant un plan d'investissement de 1,722 milliard d'euros dans la compagnie italienne, aux côtés d'autres actionnaires. L'ambition était de faire d'Alitalia « la compagnie aérienne la plus sexy d'Europe », expliquait alors James Hogan.
Dernièrement, les difficultés d'Alitalia se poursuivant, Etihad et les autres actionnaires s'étaient engagés à renflouer l'entreprise à hauteur de 2 milliards d'euros supplémentaires si les salariés acceptaient le nouveau plan de restructuration. Leur rejet a mis un terme à ce projet.
« Nous avons fait tout notre possible pour soutenir Alitalia en tant qu'actionnaire minoritaire, mais il est clair que cette entreprise nécessite une restructuration fondamentale et de grande envergure pour survivre et grandir » , a constaté James Hogan. « Nous sommes déçus que, malgré les importants investissements d'Etihad dans Alitalia, en plus de ceux des autres actionnaires, la compagnie aérienne n'a pas été en mesure de prospérer sous sa forme actuelle ».
Et d'expliquer : « la stratégie initiale d'Alitalia, mise en oeuvre à partir de 2015 au moment où Etihad a investi, a permis d'améliorer la situation de façon significative. Cependant, de nouveaux défis, comme la concurrence plus importante des transporteurs low-cost et les répercussions des événements terroristes sur la demande touristique, ont fait que des changements plus profonds sont devenus nécessaires ».
Le dirigeant a également fait valoir que « nos investissements, ainsi que ceux des autres actionnaires, ont contribué à protéger des milliers d'emplois au cours des trois dernières années ».
James Hogan a conclu en soulignant que l'Italie « reste un marché important pour nous » et qu'Etihad continuera à travailler avec Alitalia « en tant que partenaire commercial », tout en continuant à desservir le pays.
Le gouvernement italien envisage à présent de mettre en place un « prêt relais » de 600 millions d'euros auprès d'Alitalia, sous réserve d'un accord de la Commission européenne, qui permettrait à la compagnie de rester à flot pendant quelques mois. Toutefois, il a de nouveau exclu mardi de procéder à une nationalisation.
Alitalia a indiqué que son programme de vols était inchangé.