Le gouvernement italien a accordé un prêt relais de 600 millions d'euros à Alitalia, lui permettant de poursuivre ses opérations jusqu'en novembre, le temps de trouver un éventuel repreneur.
Le gouvernement intervient « à la demande expresse des actionnaires » mais aussi parce que c'est « un acte de responsabilité envers une entreprise qui doit fournir des services de base dans le pays et garantir les droits de ceux qui ont acheté des billets », a justifié le Premier ministre italien, Paolo Gentiloni, cité par le quotidien Il Sole 24 Ore.
Pour le ministre du Développement économique, Carlo Calenda, il fallait « éviter d'aggraver la situation » alors qu'Alitalia a « 4,9 millions de de réservations en cours et transporte 2 millions de passagers par mois ».
Le Conseil des ministres italien a validé l'octroi de ce prêt relais de 600 millions d'euros « dans les conditions du marché » (Euribor plus 1000 points de base). Son remboursement sera « prioritaire » sur les autres dettes de la compagnie aérienne.
Le montant est « suffisant » pour assurer l'activité d'Alitalia pendant six mois et « après nous verrons », a déclaré jeudi Luigi Gubitosi, l'un des trois commissaires désormais en charge de la compagnie aérienne dans le cadre de son « administration extraordinaire ».
Un appel d'offres invitant les repreneurs potentiels d'Alitalia à exprimer leur intérêt sera publié d'ici deux semaines, a-t-il précisé.
Si un consortium se manifeste, « il est important » qu'il inclut « un partenaire du secteur », a ajouté Luigi Gubitosi. Il s'est dit certain qu'Alitalia trouvera un repreneur mais il n'y a « aucun contact pour l'instant ».
« Afin de trouver un partenaire, nous devons être une entreprise attractive et efficace, qui vole et qui va bien », a ajouté le commissaire aux larges pouvoirs. Sa première tâche sera de renégocier les coûts de carburant d'Alitalia tandis que toute solution pour l'emploi ne sera pas « indolore », a-t-il aussi fait savoir.
Il a ajouté que l'ancienne direction d'Alitalia « aurait pu faire mieux, avec le recul ».
L'objectif des trois commissaires, Luigi Gubitosi ainsi qu'Enrico Laghi et Stefano Paleari, est « de travailler sur un plan d'affaires pour permettre à Alitalia de trouver des partenaires capables d'investir et de guérir de ses faiblesses historiques qui ne sont pas liées à la concurrence des compagnies low-cost mais à de mauvaises stratégies », a déclaré le ministre des Transports Graziano Delrio.
Les actionnaires actuels d'Alitalia, notamment Etihad Airways qui détient 49% du capital, ont refusé de renflouer l'entreprise. Cette décision fait suite au refus par 67% des salariés d'un plan de restructuration drastique prévoyant 980 suppressions de postes sur 12.500 et des baisses de salaires de l'ordre de 8%. Les instances d'Alitalia ont alors demandé la mise en oeuvre de la procédure « d'administration extraordinaire » prévue par la loi italienne, constatant « la grave situation économique et financière de l'entreprise » et « l'impossibilité de trouver rapidement des solutions alternatives ».
Le gouvernement italien a répété qu'il ne nationaliserait pas Alitalia. « Les citoyens ont déjà payé 7,5 milliards » d'euros ces dernières années lors des tentatives de sauvetage de la compagnie aérienne, a expliqué le premier ministre italien.