Alors que Donald Trump se moque ouvertement du réchauffement climatique, le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, ferait mine de s'en occuper tout en approuvant la construction de deux nouveaux oléoducs malgré une forte opposition, dénonce l'environnementaliste Bill McKibben.
Dans un éditorial publié ce lundi par le journal The Guardian, l'environnementaliste et fondateur de 350.org, Bill McKibben, dénonce l'hypocrisie du Premier ministre canadien Justin Trudeau en matière de réchauffement climatique.
« Dès qu'il s'agit du réchauffement climatique, il (Justin Trudeau, ndlr) est un frère du vieux gars orange à Washington », écrit McKibben, référant de toute évidence au Président américain Donald Trump.
Ainsi, l'activiste appelle les fans de Trudeau à « cesser d'aduler » le Premier ministre canadien, qu'il qualifie par ailleurs de véritable « désastre pour notre planète ».
« Donald Trump est un sale type et un danger, pas trop agréable à regarder, mais au moins il n'est pas un splendide hypocrite. [...] Le Président américain insulte la planète, mais au moins il ne fait pas semblant du contraire », fustige l'environnementaliste.
Depuis son élection en 2015, le Premier ministre Justin Trudeau martèle que l'économie et la protection de l'environnement peuvent aller de pair. Avec une croissance économique tirée par l'énergie (10 % du produit intérieur brut), le Canada est au sixième rang des pays producteurs de pétrole. Ce qui n'a pas empêché Trudeau d'affirmer en janvier vouloir « mettre un terme progressivement » à l'exploitation des sables bitumineux et faire cesser la « dépendance » du Canada aux hydrocarbures.
Sa déclaration lui a valu les foudres de l'industrie pétrolière qui, deux mois plus tôt, l'avait encensé après sa décision de construire deux nouveaux oléoducs.
L'approbation du projet d'oléoduc controversé Keystone XL, reliant la province de l'Alberta (ouest) et les États-Unis, qui avait été suspendu par l'administration Obama, est donc un revers de plus à la promotion de l'économie verte par le gouvernement libéral, mais permet de calmer les critiques provenant du secteur des hydrocarbures.
« Il est clair que M. Trudeau promeut deux politiques contradictoires. Il fait de grands discours sur les changements climatiques, la réduction des gaz à effet de serre et les énergies renouvelables, tout en approuvant deux oléoducs malgré une forte opposition », a analysé Jean-Thomas Bernard, professeur d'économie à l'Université d'Ottawa.
Après avoir prêché les vertus de l'environnement à la conférence sur le climat de Paris fin 2015, Justin Trudeau avait réussi, dans la douleur, à imposer une taxe sur les émissions de gaz à effet de serre. Avec le Keystone XL, il trouve grâce auprès des pétroliers et espère limiter les dommages politiques puisque la décision en revient à Donald Trump.