
Après une succession de couacs, consacrée par une baisse dans les sondages, le président compte notamment sur ses ministres pour affronter la rentrée difficile qui s'annonce. Avant son départ en vacances à Marseille, il leur a donné des consignes claires.
Le gouvernement, invisible ces derniers jours, est officiellement en vacances. Le président, en séjour à Marseille avec son épouse Brigitte, n'a pas complètement disparu des radars, alternant entre séquences politiques à distance et communication estivale, allant par exemple à la rencontre des joueurs de l'OM. Mais malgré cette impression de relâchement, la légèreté n'est pas de mise. Et la rentrée est dans toutes les têtes. Sur le plan social, elle s'annonce mouvementée, et sur le plan politique, elle devrait l'être tout autant.
Après quelques premières semaines qui ont semblé faire l'unanimité, le président de la République a enchaîné une séquence de couacs qui se solde par de mauvais sondages: d'après une étude Ifop réalisée pour Le Figaro le 11 août, 36% seulement des Français se disent "satisfaits" de l'action d'Emmanuel Macron. 55% estiment qu'il ne tient pas ses promesses de campagne. Des chiffres qui ont de quoi interpeller, y compris le principal intéressé. Sa plus grande peur est d'être comparé à François Hollande, mais avec ces résultats, il fait pire que lui: à la même époque après son élection, l'ancien chef de l'Etat contentait 46% des Français.
"Il est très facile de parler au président".
Conscient des difficultés qui l'attendent à la rentrée, et de la nécessité d'être bien entouré pour les affronter, Emmanuel Macron tente de préparer le terrain depuis plusieurs semaines. Comme le rapporte L'Opinion ce mercredi, avant son départ en vacances pour Marseille, il a ainsi rencontré tous les ministres en tête-à-tête.
A certains, il a donné des consignes claires, afin qu'ils occupent davantage le terrain, sur le plan de la politique intérieure. Le président veut qu'ils "montent au créneau dans les médias, donnent plus de corps à leur responsabilité ministérielle", détaille le quotidien, qui souligne que sa relation avec les membres du gouvernement diffère de celle de ses prédécesseurs.
"Nicolas Sarkozy accordait très peu d'audiences à ses ministres, laissant le secrétaire général de l'Elysée les recevoir. François Hollande avait la fâcheuse réputation de les écouter sans les entendre. Disponible et attentif, Emmanuel Macron tente, lui, de les dorloter". Et de citer un ministre qui estime qu'il est "très facile" de parler au président.
"Après le Conseil des ministres, il ne file pas dans les étages et il est toujours possible d'échanger", ajoute cet élu.
Les ministres appelés à s'exprimer davantage.
Autre particularité macronienne, le conseil des ministres, sous sa présidence, se fait de manière collégiale et peut donc durer un peu plus longtemps. Cela favorise la prise de parole individuelle des ministres, qui peuvent intervenir lors de la partie "débat".
"Le Président n'est pas là pour donner la parole aux uns et aux autres. Il est très présent politiquement, sur la marche à suivre. Il fait de la pédagogie et nous recommande régulièrement d'anticiper", fait valoir l'une des membres du gouvernement, citée par L'Opinion.
Dans son édition du 9 août, Le Canard enchaîné rapportait qu'Emmanuel Macron considérait la faible présence de ses ministres dans la presse comme l'une des raisons expliquant sa chute dans les sondages. Parmi les autres évoquées, le manque d'expérience de nombreux élus de la majorité, mais aussi le rôle du Premier ministre, qui "n'imprime pas dans l'opinion".
Edouard Philippe comme rempart.
Ce dernier problème a été évoqué le 26 juillet à l'Elysée, lors d'une première réunion rassemblant les chefs des groupes parlementaires LREM, des ministres macronistes de la première heure et des conseillers élyséens. L'occasion de poser un premier diagnostic complet. Comme le rapportait Le Monde, les participants, arrivés discrètement juste après Rihanna, ont constaté lors de cette réunion que "trop peu de messages sociaux avaient été envoyés depuis mai", qu'il n'y avait "pas ou peu d'expression sociale au sein de l'exécutif", et que les Français avaient l'impression qu'ils faisaient "une politique de droite".
"Le Président a tout centralisé sur sa personne, il n'est pas assez protégé", regrettait également un habitué de l'Elysée.
Une vulnérabilité que le président a identifiée, et à laquelle il compte bien remédier, comme le soulignait mardi Jérémy Trottin sur BFMTV.
"On voit bien qu'au niveau du dispositif de la macronie, il faut créer des remparts, car il ne s'attendait pas au bout de quelques mois seulement à perdre autant dans les sondages. Donc il y a l'intention de faire que le Premier ministre imprime davantage, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, qu'il serve de rempart au président, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui".