

Le retrait de la compagnie d'Abu Dhabi accélère la consolidation en Europe.
Si Etihad n'est pas à l'origine des problèmes d'Air Berlin, la compagnie allemande fait les frais du revirement stratégique engagé en début d'année par la compagnie d'Abu Dhabi, son principal actionnaire. Un virage sur l'aile motivé par de lourdes pertes, dont la prochaine victime pourrait être Alitalia. La compagnie italienne est déjà sous tutelle administrative depuis le 2 mai, dans l'attente d'un ou plusieurs repreneurs, après que les dirigeants d'Etihad ont décidé de cesser la perfusion financière.
En juillet dernier, le groupe d'Abu Dhabi avait dévoilé une perte nette de 1,87 milliard de dollars, dont 808 millions de dépréciations d'actifs liées à ses prises de participation dans des compagnies étrangères. Depuis le rachat de 49 % d'Alitalia en 2014, le groupe d'Abu Dhabi aura injecté 1,7 milliard d'euros dans la compagnie italienne, toujours déficitaire. Sauvé au moins provisoirement par un prêt-relais de 600 millions du gouvernement italien, Alitalia attend désormais le 2 octobre, date limite pour la remise des offres engageantes. Si tout se passe bien, le nom du repreneur devrait être dévoilé début novembre, à l'issue d'un ultime round de négociation avec les autorités italiennes.
Mais, en dépit de l'optimisme affiché, les chances d'Alitalia de repartir de l'avant avec un nouvel actionnaire semblent assez minces. Bien qu'une dizaine d'offres de reprises non engageantes aient été déposées durant la première phase du processus, plusieurs semblent être essentiellement motivées par le souhait d'avoir accès aux chiffres clefs d'Alitalia et du marché italien. Certaines offres prévoiraient de séparer la compagnie aérienne de son activité de maintenance, voire, dans le cas de l'offre de Ryanair, le long-courrier du moyen-courrier. Par ailleurs, aucun investisseur ne prétend donner à Alitalia les moyens de retrouver son indépendance.
A l'instar d'Aer Lingus, Brussels Airlines et Virgin Atlantic récemment, les fonds de commerce d'Alitalia et d'Air Berlin semblent donc destinés à tomber, d'une manière ou d'une autre, dans l'escarcelle d'un des cinq poids lourds du ciel européen, à savoir Lufthansa, IAG (British Airways et Iberia notamment), Air France-KLM, Ryanair et easyJet. C'est encore un de plus que dans le ciel américain, où la consolidation n'a laissé que quatre acteurs majeurs : United, American, Delta et Southwest. Et deux de plus qu'en Chine, où trois compagnies d'Etat se partagent un marché de 1,37 milliard d'habitants.