
Trois fonctionnaires de la BAC ont été pris à partie et frappés dans le quartier de la Rose-des-Vents, à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. Deux de leurs armes de service ont été dérobées.
Six mois après l'affaire Théo, de violents affrontements entre jeunes et police sont survenus jeudi soir.
À Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), l'affaire Théo est encore présente dans tous les esprits et pèse, au quotidien, sur les interventions policières. En février dernier, lors d'un contrôle, ce jeune homme de 22 ans était grièvement blessé par une matraque télescopique qui occasionnait une profonde plaie anale. «Accident» pour la police. «Viol» pour les amis du jeune homme. Six mois plus tard et alors que l'enquête est toujours en cours, le climat reste particulièrement tendu. Nouvelle illustration jeudi dans ce même quartier de la Rose-des-Vents, où trois fonctionnaires de la BAC ont été pris à partie et frappés. Deux de leurs armes de service ont été dérobées : un «lanceur de balles de défense» (un flash-ball modernisé) et un pistolet à impulsions électriques.
Jeudi, en fin d'après-midi, un brigadier et deux gardiens de la paix, dont une femme, patrouillent en voiture à Aulnay. Ils s'apprêtent à passer devant «un point de deal» lorsqu'ils entendent un cri. Trois ou quatre jeunes du quartier tuent le temps, assis sur un banc. Le cri est un signal d'alerte pour prévenir les trafiquants. Cette fois, l'un des guetteurs s'approche des policiers de la BAC : «Vous voulez quoi ? Cassez-vous ! Trace ta route !»
L'incident tourne à la Bataille rangée.
Policiers d'un côté, jeunes habitants du quartier de l'autre, ceux-là se connaissent bien et se toisent régulièrement. La patrouille de la BAC décide de contrôler le guetteur, puis de l'interpeller puisqu'il refuse d'ouvrir sa sacoche. L'incident tourne à la bataille rangée lorsque les amis du jeune homme tentent de l'exfiltrer. «Deux fonctionnaires ont alors essuyé de nombreux coups, notamment au visage», assure une source policière. S'en suit une course-poursuite, un bon 200 m sur les trottoirs avec les poubelles en guise de haies. Les policiers gagnent du terrain quand surgit un gamin juché sur un VTT. Celui-ci s'interpose et prête son vélo au fuyard. Qui l'enfourche pour filer un peu plus loin et disparaître, «hilare», dans un hall d'immeuble.
Selon une source judiciaire, une vingtaine de personnes encerclent alors les fonctionnaires. Un policier frappe «un individu récalcitrant» de «deux coups de bâton télescopique de défense au niveau des jambes», selon le rapport d'intervention. L'autre dégaine son pistolet sans tirer. Quant au troisième policier, une gardienne de la paix restée en arrière pour surveiller la voiture, elle est jetée à terre puis prise pour cible à coups de pierres, toujours selon le rapport.
Dans la confusion, l'un des assaillants se serait alors saisi d'un pistolet à impulsion électrique et du «lanceur de balles de défense» restés dans la voiture. Il aurait mis en joue la jeune femme avec le flash-ball sans l'atteindre. Des renforts ont dispersé l'attroupement, mais les armes volées étaient toujours introuvables vendredi.