
En écho à ses menaces de «détruire totalement» la Corée du Nord, de tenir tête à la Chine en Asie-Pacifique et de s'opposer à l'expansionnisme de l'Iran au Moyen-Orient, le chef de la Maison-Blanche préside à un renforcement considérable des forces armées américaines. Au service de quelle stratégie ?
Le Sénat américain vient d'adopter un budget de 692 milliards de dollars pour le Pentagone en 2018, à peu près équivalent aux 696 milliards budgétés par la Chambre des représentants. Cette hausse spectaculaire, de près de 100 milliards de dollars par rapport à 2016, dernière année du mandat d'Obama, dépasse aussi de 37 milliards la somme demandée par Donald Trump. Pourquoi ce renforcement, alors que les dépenses militaires des États-Unis sont déjà supérieures à celles des quinze autres plus grandes armées du monde combinées ?
Quelle armée veut Donald Trump ?
Durant la campagne présidentielle de 2016, Trump a promis de «rebâtir une armée plus forte qu'on ne l'a jamais vue». Il s'est aussi engagé à éliminer le «séquestre», terme qui désigne le plafonnement des dépenses militaires imposé par une loi de 2011. En vertu du Budget Control Act, les crédits pour la défense devraient être limités à 609 milliards de dollars en 2018, dont 60 milliards pour les opérations extérieures. En décidant une dérogation de plus de 80 milliards, le Congrès n'a pas formellement abrogé la loi. Mais pour mettre en œuvre le plan de Trump, le think-tank conservateur American Enterprise Institute (AEI) a calculé qu'une rallonge de 250 à 300 milliards de dollars sur quatre ans serait nécessaire.