
Le discours était attendu. Finalement, le président séparatiste catalan Carles Puigdemont a déclaré l'indépendance de la région tout en suspendant la déclaration d'indépendance. « Le oui à l'indépendance a gagné sous une pluie de matraques. C'est le chemin que je vais mener », a-t-il expliqué. « Il y aura un avant et un après le 1er octobre. Les urnes ont dit oui à l'indépendance, et c'est un résultat que je me suis engagé à appliquer », a-t-il ajouté, avant d'annoncer « suspendre les effets d'une déclaration d'indépendance ». Carles Puigdemont tend la main à Madrid et souhaite dialoguer avec le gouvernement espagnol.
Un peu plus tôt dans la journée, Emmanuel Macron s'est dit « confiant » dans une solution pacifique. « Il y a un coup de force des Catalans, je souhaite qu'il soit géré dans la paix, je pense que ce sera le cas, je suis confiant là-dessus », a affirmé Emmanuel Macron lors d'un débat à l'université Goethe de Francfort (ouest de l'Allemagne) avant l'inauguration de la Foire du livre.
Le numéro deux du gouvernement espagnol a souligné que l'Espagne vivait l'un de ses « moments les plus difficiles », au cours d'une séance houleuse au Sénat pendant laquelle un élu a crié : « Vive la Catalogne libre ! » La vice-présidente du gouvernement, la conservatrice Soraya Saenz de Santamaría, a par ailleurs écarté toute médiation internationale, telle que souhaitée par Carles Puigdemont, pour sortir de l'impasse. « Il n'y a pas de place pour la médiation entre la légalité et l'illégalité, entre la loi et la désobéissance, entre la démocratie et la tyrannie », s'est-elle exclamée, jugeant que le royaume, plongé dans sa plus grave crise depuis le rétablissement il y a quarante ans de la démocratie, connaît « l'un des moments les plus importants et les plus difficiles ». Depuis plusieurs jours, les Catalans, divisés presque à parts égales à ce sujet, et les Espagnols en général n'ont qu'une question en tête : la Catalogne, une des régions les plus riches d'Espagne, déclarera-t-elle son indépendance, tirant les conséquences du référendum illégal du 1er octobre, que les séparatistes affirment avoir très largement remporté ?
Signe des tensions régnant dans l'attente des événements prévus dans la soirée, la police catalane, les Mossos d'Esquadra, a fermé, « pour raisons de sécurité », l'accès au parc qui entoure le Parlement catalan à Barcelone et s'est déployée dès l'aube aux alentours du bâtiment pour éviter tout dérapage de manifestants favorables ou hostiles à l'indépendance. Carles Puigdemont, un ancien journaliste de 54 ans, indépendantiste depuis son plus jeune âge, pourrait aussi choisir une voie médiane, une « déclaration d'indépendance en différé », ou se contenter d'une proclamation symbolique, évoquant l'urgence d'un dialogue, et enclenchant un processus par étapes, pour ne pas perdre la face. Selon plusieurs médias espagnols, il l'a écrit et réécrit toute la journée de lundi, tiraillé sans doute entre les partisans d'un départ sans ménagements et ceux qui craignent que le remède, l'indépendance, ne soit finalement pire que le mal, la tutelle de Madrid.
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