
Avant d'opter pour Paul Bismuth, Nicolas Sarkozy a utilisé plusieurs noms afin de dialoguer incognito avec son avocat. Selon le "Canard enchaîné" de ce 11 octobre, il a par exemple pris le patronyme de Gilda Atlan.
Paul Bismuth a des prédécesseurs. C'est ce qu'il ressort du réquisitoire des procureurs dans l'affaire dite des "écoutes" de Nicolas Sarkozy, dont le Canard enchaîné dévoile une partie du contenu, ce mardi 10 octobre. Les magistrats, qui ont réclamé le renvoi en correctionnelle de l'ex-président de la République pour "trafic d'influence", parce qu'il aurait envisagé de corrompre le magistrat Azibert, ont eu accès aux conversations entretenues par l'ancien chef d'Etat et son avocat, Thierry Herzog, depuis des téléphones occultes, achetés sous nom d'emprunt. Selon eux, avant que Nicolas Sarkozy ne se fasse passer pour un certain Paul Bismuth, il avait acheté un téléphone au nom de Gilda Atlan.
Le Canard révèle également que les deux hommes changeaient de téléphone tous les trois mois environ. Après Gilda Atlan et avant Paul Bismuth, il y eut ainsi plusieurs appareils au nom de Bismuth... mais avec des prénoms différents.
Pour rappel, ces écoutes judiciaires constituent un démembrement de l'affaire Bettencourt. Les enquêteurs se sont aperçus que Nicolas Sarkozy et son avocat ont échangé discrètement, courant 2014, sur des téléphones achetés sous nom d'emprunt. Ils cherchaient à obtenir des renseignements sur les décisions judiciaires correspondant à l'Affaire Bettencourt et avaient évoqué le cas du magistrat Gilbert Azibert, supposément ouvert à l'idée de collaborer, sous couvert d'obtenir un poste de conseiller d'Etat à Monaco.
Si le prénom Paul correspondait à celui du père de l'ex-Président (Pal), la patronyme Gilda Atlan ne renvoie à aucun élément de la biographie ou de l'arbre généalogique de Nicolas Sarkozy. Le prénom Gilda, qui signifie "chevelure" en celte, laisse particulièrement perplexe. L'ancien maire de Neuilly, qui connaît l'opéra et l'oeuvre de Verdi, aurait-il souhaiter rendre hommage au personnage de Rigoletto ? Quant à Atlan, on se bornera à constater que le père de Nicolas Sarkozy a résidé, dans sa jeunesse, dans la localité hongroise d'Alattyan, à la sonorité proche du nom retenu par Nicolas Sarkozy pour son téléphone occulte. A moins qu'il ne faille y voir un clin d'œil à son tropisme atlantiste, lequel lui valut d'être qualifié par Eric Besson de "néoconservateur américain à passeport français" ?