
Les autorités italiennes, qui ont mis sous tutelle la compagnie aérienne, choisiront d'ici mai 2018 le meilleur dossier.
La concurrence risque d'être rude. Après avoir reçu 32 manifestations d'intérêt en juin dernier, les autorités italiennes ont finalement obtenu 7 offres fermes pour la reprise d'Alitalia. Lufthansa et EasyJet figurent parmi les prétendants au transporteur italien, placé sous tutelle cette année après le rejet par ses salariés d'un plan de réduction des effectifs. Le gouvernement a écarté rapidement l'hypothèse d'une renationalisation du groupe.
Sept enveloppes ont donc été envoyées avant la date butoir fixée au 16 octobre pour soumettre des offres pour tout ou partie de la compagnie italienne, a annoncé Alitalia dans un communiqué ce mardi, sans apporter de précisions sur la teneur des propositions. Impossible de savoir, par exemple, si une proposition de reprise de la totalité du groupe figurait parmi ces offres.
Lufthansa et EasyJet ont néanmoins indiqué qu'elles n'étaient intéressées que par une partie des actifs, ce qui ne devrait pas être bien accueilli par Rome qui souhaite céder Alitalia d'un seul bloc afin d'éviter un éclatement de ses activités.
Lufthansa aurait proposé 500 millions d'euros.
Lufthansa a affirmé que l'offre incluait le concept d'une compagnie nouvellement structurée, avec un modèle économique recentré, qui pourrait ouvrir des perspectives à long terme.
Le Corriere della Sera a rapporté lundi que Lufthansa avait proposé 500 millions d'euros pour reprendre des avions et des créneaux d'Alitalia, ainsi que le personnel navigant. Citant trois sources anonymes, le quotidien italien a précisé que le groupe allemand voulait également réduire de moitié les effectifs d'Alitalia, qui compte 12.000 salariés, et alléger le réseau des vols courts et moyen-courriers.
L'intérêt de Lufthansa pour Alitalia intervient quelques jours seulement après le rachat d'une grande partie des actifs d'Air Berlin, qui était également sous tutelle de l'Etat allemand.
EasyJet s'est déclaré intéressé par 'certains actifs d'une Alitalia restructurée', sans fournir plus de détails. Ryanair s'était aussi positionnée sur le dossier à condition que la société soit profondément restructurée, mais la compagnie irlandaise avait rapidement renoncé.
Un processus de décision rallongé.
Les candidats ont jusqu'au 30 avril pour améliorer leurs offres, après quoi la meilleure d'entre elles sera soumise aux autorités.
Le processus devait être bouclé en novembre mais il a été prolongé la semaine dernière, ce qui éveille des doutes sur la probabilité qu'un accord puisse être signé rapidement, d'autant que l'Italie se prépare à des élections législatives en 2018.
Rome a également accordé une rallonge de 300 millions d'euros au prêt de 600 millions octroyé à Alitalia en mai.
Alitalia, un transporteur devenu objet politique.
'Ces reports et ces nouveaux prêts du gouvernement montrent qu'Alitalia continue à brûler sa trésorerie et ne peut pas être facilement restructurée, et son pouvoir de négociation ne fait que s'amenuiser avec le temps', commente Andrea Giuricin, expert du secteur à l'université de Bicocca à Milan et auteur d'un ouvrage intitulé 'La privatisation sans fin d'Alitalia'.
'L'an prochain, Alitalia va devenir un enjeu dans la campagne électorale', ajoute-t-il. De fait, Alitalia reste une 'patate chaude' pour Rome et toute restructuration radicale du transporteur en vue de satisfaire un investisseur étranger aurait du mal à passer. Reste à voir quelle sera vraiment la détermination des candidats au rachat.