
Depuis son adhésion à l'Union européenne (UE) en 2007, le gouvernement roumain a, bon gré mal gré, multiplié les réformes économiques. Combinant à cela une forme d'excellence en matière d'éducation, vestige de l'ère communiste, l'économie du pays connaît une croissance rapide, comme nous l'apprend un récent article du Guardian qui dresse un portrait résolument optimiste de ce pays d'Europe du Sud-Est, que l'on surnommait encore récemment « l'enfant pauvre de l'Europe ».
Lever de soleil sur la vieille ville de Bucarest, la capitale roumaine.
Ici, les talents de la Tech sont incroyables. Il existe en Roumanie et dans les autres pays d'Europe centrale et de l'Est de grands talents, et aussi de grandes universités », explique James Park, cofondateur et directeur général de Fitbit, une société américaine spécialisée dans la conception et la commercialisation de traqueurs d'activité et autres objets connectés, dans les pages du Guardian. Son entreprise a jugé bon de développer ses activités en Roumanie, le septième pays le plus peuplé de l'Union européenne et le neuvième par sa superficie. Elle vient d'ailleurs d'inaugurer un tout nouveau centre de recherche et de développement ultra moderne (le plus grand hors des États-Unis) à Bucarest, la capitale roumaine, y triplant au passage son nombre d'employés.
Plusieurs multinationales ont suivi la même stratégie que Fitbit au cours des dernières années, nous apprend le quotidien britannique. Au rang de celles-ci, l'américaine Ford, mais aussi les allemandes Bosch et Siemens. De quoi écorner l'image souvent répandue de « pays de migrants partis aux quatre coins de l'Europe pour y trouver du travail ».
En réalité, l'économie roumaine connaît une croissance rapide, portée notamment par le secteur des services, mais aussi les exportations et l'industrie manufacturière. Avec une croissance du PIB ayant atteint 5,9% en glissement annuel au deuxième trimestre 2017 (5,8% au premier semestre), le pays peut se prévaloir du rythme de croissance le plus rapide dans l'Union européenne. De son côté, la consommation des ménages était à son pic, après neuf ans d'augmentation, en 2016 - et est bien partie pour battre un nouveau record cette année.
Le Guardian attribue en partie cette réussite au secteur de la Tech, qui emploierait actuellement près de 150 000 personnes dans le pays. Ce dernier peut en effet s'appuyer sur une forme d'excellence en matière d'éducation, vestige d'une ère communiste ayant su former des Roumains doués en sciences et en mathématiques. Rajoutez à cela le don inné de nombre de Roumains pour les langues étrangères (ce qui pourrait s'expliquer par le fait que le roumain est une langue romane ; d'autres explications de ce succès pointent en direction de la décision de recourir au sous-titrage plutôt qu'au doublage à la télévision) et vous obtenez un pays aux allures de « hub », idéal pour la sous-traitance informatique. Enfin, le pays possède des réseaux télécoms à la pointe de la technologie, ce qui permet aux Roumains d'avoir l'Internet le plus rapide de l'Union européenne. Résultat : le taux de chômage a atteint son plus bas historique avec 5,9% - contre une moyenne de 8,6% dans l'UE.
Bien sûr, tout est loin d'être rose. Bien que le salaire minimum ait doublé en l'espace de quatre ans, il reste loin derrière la moyenne européenne. Ce serait d'ailleurs l'une des principales raisons qui poussent les migrants roumains à rester à l'étranger. Autre problème de taille : la corruption qui, malgré de récents progrès, demeure une source constante d'ennuis. S'ajoute à cela des infrastructures de transport qui demeurent encore loin des standards actuels dans les pays d'Europe de l'Ouest et, plus inquiétant encore, l'existence d'un déficit qui continue encore et toujours de se creuser (actuellement à 3% du PIB, contre seulement 0,8% en 2015) à cause de dépenses trop importantes et de politiques d'allègements fiscaux.
Malgré cela, à court terme les perspectives semblent plutôt bonnes, conclut le Guardian. « Il est difficile de maintenir une croissance de plus de 5% », commente Ionut Dumitru, économiste en chef de la filiale roumaine de la banque suisse Raiffeisen et président du Conseil fiscal de la Roumanie. « La plupart des analystes prévoient davantage une croissance proche des 4% pour l'année prochaine. Mais même avec 4% ce sera certainement l'un des taux de croissance les plus hauts d'Europe, donc ce n'est pas mal du tout. »