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Japon : le boom des abris antiatomiques


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Pour mieux se protéger d'une éventuelle attaque nucléaire, les Japonais n'hésitent plus à se procurer des bunkers.

« Quand j'ai décidé de l'acheter, les gens ne comprenaient pas l'utilité de ce bunker », raconte Yoshihiko Kurotori, 75 ans. Après sa retraite, cet ancien professeur de lycée est revenu dans la ville de Wakayama. Ici, la côte s'étend à perte de vue entre les montagnes et la mer intérieure de Seto. C'est en raison de cette topographie de la région qu'il a fait construire son bunker en 2013. « Selon les experts, on pourrait avoir des tremblements de terre et des tsunamis aussi puissants que ceux de 2011. C'est pour cela que j'ai décidé d'investir. »

Si son abri en béton armé est également équipé d'un purificateur d'air antiradiation, c'est qu'à l'époque, le danger d'une potentielle attaque nord-coréenne était déjà sur toutes les lèvres. « Bien évidemment, j'avais ce scénario en tête aussi », confirme-t-il. Il a payé une somme considérable -52 000 € en tout- pour le bunker, mais ne regrette pas son choix. A ce jour, où le Japon est survolé à de nombreuses reprises par les missiles nord-coréens, « je me sens en sécurité, je suis content de l'avoir fait construire », insiste Yoshihiko Kurotori.

La Corée du Nord a lancé 18 missiles en 2017.

Sur fond de tensions avec la Corée du Nord, qui a déjà lancé 18 missiles cette année, la demande pour les abris antiatomiques flambe au Japon, pays où des bunkers n'existent presque pas. Gary Lynch, chef d'une entreprise américaine fabriquant des abris antiatomiques, admet que cette année « presque 200 unités » ont été vendues aux clients japonais qui veulent « se protéger contre une potentielle attaque de Pyongyang ».

Cette tendance est confirmée chez les entreprises japonaises. Nobuko Oribe, présidente de l'entreprise Oribe Seiki Seisakujo et représentante de l'Association pour la promotion des abris antiatomiques au Japon, assure que cette année les ventes de purificateurs ont été multipliées par plus de cent. « Nos clients, ce sont souvent des individus riches, mais aussi des entreprises », explique-t-elle.

Des clients «très pressés».

Selon Oribe, pour construire un bunker pour quatre personnes sous terre, il faut compter au moins 150 000 €. « Ces derniers temps, les clients sont très pressés et ne veulent pas attendre la fin de la construction. Ils préfèrent donc acheter un purificateur, mais là, on a écoulé tout notre stock », poursuit-elle.

Les récentes provocations de Pyongyang ont aussi interpellé des politiques. « Il faut réfléchir sérieusement à la possibilité de construire des bunkers dans la province », a martelé en juillet le secrétaire général du Parti libéral-démocrate, Toshihiro Nikai. Le budget s'annonce colossal, mais « peu importe les questions de trésorerie », a-t-il avancé. Pour le moment, cela en reste au niveau de « la réflexion ». « Plus de soixante-dix ans se sont écoulés depuis les bombardements de Hiroshima et de Nagasaki, on aurait pu se pencher sur cette question un peu plus sérieusement », ironise de son côté Oribe, dont l'association milite depuis 2003 pour l'aménagement de bunkers dans le pays.