
Un an après l'élection de Donald Trump, la construction du mur à la frontière mexicaine se heurte toujours à de nombreux problèmes techniques et financiers.
C'était la mesure phare de la campagne de Donald Trump, celle qu'il a répétée dans chacun de ses meetings et pour laquelle une partie de ses électeurs l'ont choisi. Un an après la victoire du milliardaire, le mur à la frontière mexicaine fait l'objet de nombreux blocages - politiques, financiers, diplomatiques - que le président n'est pas encore parvenu à surmonter. Au point que l'on s'interroge sur la faisabilité réelle de ce mur au coût exorbitant. Le JDD fait le point sur l'avancement du projet.
Quelques millions débloqués seulement.
Selon un rapport du Département de la Sécurité nationale divulgué par Reuters en février, le coût du mur s'élèverait à 21,6 milliards de dollars et prendrait plus de trois ans à être construit. En d'autres termes : Donald Trump pourrait ne plus être président le jour de son inauguration. En avril, de nouvelles estimations sur le coût du projet ont été réalisées : Donald Trump évoquait une facture de 12 milliards de dollars tandis que les démocrates parlaient de 70 milliards, s'appuyant sur un rapport sénatorial. Le site technologyreview.com a établi des estimations à partir du coût de chacune des matières et des 2.000 kilomètres à couvrir et en arrive à une facture de 38 milliards de dollars.
Des chiffres tous très éloignés des fonds débloqués pour le moment. Pour commencer la construction le plus rapidement possible, Donald Trump a voulu piocher dans des fonds disponibles sans attendre le nouveau budget. Mais le Département de la Sécurité nationale n'a pu rediriger que 20 millions de dollars, comme le révélait Reuters en mars, soit 0,1% du coût du projet. Sans attendre, l'agence chargée des douanes et de la protection des frontières a néanmoins lancé un appel d'offres. Six entreprises et huit prototypes ont été retenus en septembre.
Huit prototypes construits et testés.
Durant tout le mois d'octobre, les sociétés sélectionnées ont donc construit leurs prototypes près de San Diego (Californie), ville qui jouxte la frontière mexicaine.
https://www.youtube.com/watch?v=HuoLgaHU7qk
Les murs qui ont été construits font entre 5 et 10 mètres et ont coûté entre 300.000 et 500.000 dollars chacun. Ils vont être soumis à des tests pour juger de leur efficacité. Il y a dix jours, le Washington Post a dévoilé des visuels de chacun des prototypes.

Aucun de ces huit murs n'a repris l'idée de Donald Trump d'y incorporer des panneaux solaires pour faciliter son financement. En revanche, trois prototypes comportent les ouvertures demandées par le président pour voir à travers le mur.
Un financement qui sera dur à obtenir.
Et maintenant? Le coût pharaonique des travaux est le principal problème sur lequel Donald Trump bute. Le président a répété tout au long de sa campagne et au cours de ses premières semaines à la Maison-Blanche que ce serait le Mexique qui paierait. Mais le président mexicain Enrique Peña Nieto a toujours refusé. La fuite d'un enregistrement audio d'une conversation téléphonique entre les deux hommes semble d'ailleurs confirmer que Donald Trump a compris très tôt que cette idée n'était pas réalisable. Dans l'enregistrement révélé en août par le Washington Post, le président américain somme son homologue mexicain d'arrêter de dire publiquement qu'il ne paiera pas. "On devrait dire tous les deux 'Nous allons trouver une solution'. Cela fonctionnera d'une manière ou d'une autre avec une formule", tente-t-il de convaincre.
Sans le Mexique, Donald Trump doit donc s'en remettre au Congrès, qui ne porte pas l'idée dans son coeur. Les Démocrates sont évidemment contre et les Républicains sont divisés. La Maison-Blanche a demandé que 1,6 milliard de dollars soient alloués au mur dans le budget 2018. La Chambre des représentants a approuvé cette demande à une large majorité fin juillet mais elle n'a pas abouti au Sénat. Le déblocage de fonds est donc toujours dans l'impasse à Washington et Donald Trump aurait reporté à plus tard la bataille des crédits. Les Républicains, qui n'ont pas apprécié l'accord passé en septembre entre le président et les leaders démocrates sur les Dreamers, espèrent qu'il s'en servira pour pousser les Démocrates à débloquer les fonds pour le mur. La date-butoir pour le vote du budget est fixée à fin décembre.
https://www.youtube.com/watch?v=-3iJxLpyxUw