
La Chine va autoriser les groupes étrangers à prendre des participations majoritaires dans des sociétés financières locales. Une mesure attendue mais qui arrive très tardivement.
La Chine est en passe de franchir un pas important vers l'ouverture tant attendue de son gigantesque marché financier. Elle a annoncé, vendredi, un assouplissement tous azimuts de sa réglementation visant à permettre aux entreprises étrangères de contrôler des banques, des sociétés de gestions d'actifs et d'assurance.
Ce « big bang » était dans les tuyaux depuis plusieurs mois. Mais Pékin a choisi de le dévoiler au dernier jour de la visite du président américain Donald Trump à Pékin . Et moins d'un mois après le sacre de Xi Jinping devant le parti communiste chinois, rassurant ainsi les observateurs sur la volonté de réformes du leader chinois.
Les participations majoritaires seront possibles.
Concrètement, la réglementation qui empêche actuellement des acteurs étrangers de posséder des participations majoritaires dans les banques va être supprimée. Jusqu'à maintenant, un investisseur étranger ne pouvait posséder plus de 20 % du capital d'une banque chinoise, et un établissement bancaire ne peut avoir au total qu'un quart de son capital aux mains d'acteurs étrangers.
Les sociétés étrangères pourront dorénavant porter leur participation dans des coentreprises de courtage de valeurs mobilières et de dérivés et de fonds d'investissement de 49 % actuellement à 51 %, un plafond qui sera ensuite supprimé dans un délai de trois ans. Dans l'assurance-vie, ce nouveau plafond de 51 % s'appliquera d'ici à trois ans, avant d'être retiré d'ici à cinq ans.
Le diable est dans les détails.
Alors que les firmes financières chinoises (ICBC, Anbang...) enchaînent les investissements à l'international , cette ouverture du marché chinois était demandée de longue date par les Etats-Unis et l'Europe au nom de la réciprocité. « C'est clairement un pas dans la bonne direction même si cette ouverture arrive tout de même très tardivement », commente un acteur bancaire européen en Chine.
Plusieurs observateurs soulignent qu'il faudra encore plusieurs mois avant que cette réglementation ne se traduise par des directives concrètes. « Il faudra regarder attentivement les textes. Le diable est dans les détails », temporise un acteur du secteur à Pékin. Et la levée des plafonds ne veut pas dire que tous les groupes étrangers seront autorisés à agir comme ils l'entendent. « Il y aura une sélection des institutions financières et, probablement, une liste d'attente », commente un autre.
Concurrence acérée.
La question est aussi de savoir si ces mesures vont déclencher une vague d'enthousiasme. Ces dernières années, les groupes bancaires étrangers ont davantage cherché à se diluer qu'à se renforcer en Chine. A l'exception notable de HSBC (actionnaire à 19 % de Bank of Communications, cinquième plus grosse banque chinoise), Goldman Sachs, UBS, Citigroup ou encore Bank of America se sont tous quasiment retirés. Résultat, face à des groupes chinois devenus extrêmement puissants, la part de marché des établissements étrangers en Chine est tombée à 1,5 % fin 2016.
Les investisseurs étrangers n'ignorent pas le potentiel du marché mais ils sont conscients de la concurrence acérée dans le secteur financier chinois, note Raymond Yeung, analyste de la banque ANZ. D'autant que les acteurs étrangers « resteront soumis à de nombreux feux verts officiels » et aux exigences réglementaires. « Que Pékin nous donne d'abord des licences pour pouvoir travailler », réclame un acteur européen.