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Accablées par le coronavirus, les Bourses mondiales encaissent leur pire semaine depuis 2008


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Les Bourses mondiales s'affolent des conséquences potentiellement ravageuses pour l'économie de l'épidémie du nouveau coronavirus et viennent d'encaisser en Europe et aux Etats-Unis leur pire semaine depuis la crise de 2008.
La dégringolade a commencé dès lundi alors que se multipliaient les cas de pneumonie virale hors de Chine. De Tokyo à New York, les indices ne sont ensuite jamais parvenus à se ressaisir franchement, paniquant des acteurs du marché habitués à les voir rebondir facilement.


L'indice vedette de Wall Street, le Dow Jones Industrial Average, a encore chuté de 1,4% vendredi. Sur l'ensemble de la semaine, il s'est effondré de 12,4%.

Les unes après les autres, des multinationales comme Microsoft ou Air France-KLM ont prévenu que la crise sanitaire allait avoir un réel impact sur leurs résultats financiers. Il ne s'agit plus seulement de quelques voyages ou achats reportés à plus tard, mais de la menace d'un ralentissement marqué de la croissance sur la planète.

Le conseiller économique de Donald Trump, Larry Kudlow, a exhorté vendredi les courtiers à ne pas agir dans la précipitation, estimant que le plongeon de plus de 10% à la Bourse de New York allait "trop loin".

Les marchés asiatiques avaient déjà durement accusé le coup, l'indice japonais Nikkei perdant par exemple 3,67% vendredi, entraînant dans leur sillage les places européennes.

A la clôture vendredi, Paris était en recul de 3,38%, Londres de 3,18%, Francfort de 3,86%, Madrid de 2,92% et Amsterdam de 3,68%.

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Un écran indique les cours de Bourse dans une rue de Tokyo, le 28 février 2020.



Les pertes enregistrées par les grands indices boursiers européens depuis vendredi dernier, autour de 12%-13%, sont comme à Wall Street les plus importantes depuis la crise financière de 2008-2009, quand l'économie mondiale était entrée en récession.

L'indice MSCI World, qui mesure la performance des plus grandes entreprises des marchés boursiers de pays économiquement développés, a aussi enregistré sa pire semaine depuis 2008.

Si l'on prend comme point de départ les plus hauts auxquels se situaient encore les marchés il y a une semaine, "arriver à plus de 10% de baisse en moins de six jours, cela n'est jamais arrivé depuis 1946", relève même auprès de l'AFP Wilfrid Galand, directeur stratégiste de Montpensier Finance.

D'autres signes font craindre le pire, comme le niveau de l'indice de volatilité VIX, traditionnellement surnommé "indice de la peur", au plus haut depuis 2011, année où sévissait une crise de la dette publique dans la zone euro. "La rapidité, la puissance de cette chute a surpris beaucoup de monde", juge encore M. Galand.

"Scénario beaucoup plus noir" ?

Les marchés étaient jusqu'ici plutôt sereins, confortés par une certaine reprise économique, l'action des banques centrales, la signature de l'accord commercial sino-américain ou encore des résultats d'entreprises de bonne tenue.

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Graphique sur les principales places boursières mondiales, impactées par l'incertitude générée par l'épidémie de nouveau coronavirus.



"Ce qui est aujourd'hui acquis et certain, c'est que nous sommes sur un choc économique. Nous savons que cela va induire une révision à la baisse des bénéfices des sociétés pour l'année 2020, qui va être plombée", précise à l'AFP Christian Parisot, chef économiste du courtier Aurel BGC.

De l'avis de plusieurs analystes, c'est moins la gravité sanitaire de l'épidémie en tant que telle qui inquiète que les mesures prises pour la contenir, particulièrement dommageables pour l'économie mondiale.

Désormais, "la vraie question est de savoir si ce choc économique est ponctuel avec un redémarrage ou si l'on a véritablement l'enclenchement d'un scénario beaucoup plus noir", ajoute M. Parisot.

Si la Chine était jusqu'à peu l'unique foyer mondial de coronavirus, le risque s'est démultiplié avec l'émergence de nouveaux pays-sources comme la Corée du Sud, l'Iran et l'Italie. De premiers cas ont encore fait leur apparition vendredi aux Pays-Bas, au Nigeria et en Nouvelle-Zélande.

Dans ce contexte, les investisseurs se ruent vers les actifs jugés les plus sûrs, au premier rang desquels les obligations d'Etat allemandes - dont le taux est au plus bas depuis début septembre - et américaines, qui ont plongé vendredi jusqu'à 1,114%, un niveau jamais atteint auparavant.

Les observateurs du marché n'évoquent pas trop encore le spectre de la crise financière de 2008.

Cette épidémie a un "coût peut-être plus élevé qu'on ne l'estimait et cela justifie que les marchés s'ajustent" mais tout cela reste encore "quantifiable", relativise ainsi M. Parisot. "Je ne crois pas au risque de crise (financière), je pense que les banquiers centraux vont faire en sorte qu'on n'arrive pas à ce scénario."

La banque centrale des Etats-Unis a en tout cas assuré vendredi qu'elle suivait "avec attention" les développements liés au coronavirus. Si elle juge encore "solide" l'économie du pays, elle s'est aussi dite prête à agir si l'épidémie devenait trop menaçante.