L'espoir comme remède
En fait, tout le monde voit bien pourquoi les enfants tombent malades. Car ce syndrome ne frappe pas au hasard, il ne touche que les familles demandeuses d'asile. Celle des filles vient de Syrie, ce sont des yézidis, avant la Suède ils n'ont connu que la violence, les persécutions.
Et depuis leur arrivée, la guerre a éclaté dans leur pays. C'est là que Nola a commencé à se replier. Comme par peur de rentrer. Chez Helan, les symptômes sont apparus à la troisième demande rejetée, quand la famille a reçu l'ordre de quitter la Suède. La cause semble entendue, mais le mystère demeure : pourquoi pas les adultes ? Pourquoi seulement en Suède ? Pourquoi certaines ethnies plus que d'autres, les Yézidis, les Ouïghours, les anciens pays soviétiques.
Plusieurs pistes sont explorées : les hormones et les neurotransmetteurs, les traumatismes de la petite enfance. Mais le syndrome de résignation semble surtout déclenché par le désespoir. La longueur des procédures suédoises, les espérances déçues, le découragement, la terreur.
Le seul remède, c'est donc l'espoir. Un psychologue confirme : quand une autorisation de séjour est délivrée, les enfants se réveillent, pas du jour au lendemain mais ils reviennent peu à peu. Et ils vivent ensuite une vie tout à fait normale. L'une de ces rescapés fait aujourd'hui des études de droit. Sur sa période de léthargie, elle explique qu'elle se sentait "comme dans un rêve dont elle ne voulait pas se réveiller". Un rêve en préfabriqué pour échapper à un cauchemar bien réel.